(Trait d’Union,Numéro 15,  Juillet 2000 (Spécial Inscriptions), page 2)

Pour une Université publique de qualité ouverte à tous...

Ça vous semble un slogan banal ?
Pourtant, ailleurs qu'à l'UNEF, il n'est guère partagé.
La politique menée de manière continue depuis plus de trente ans n'a cessé de remettre en cause le service public de l'enseignement supérieur. Cette politique a connu une accélération avec les ministres Bayrou puis Allègre (manifestement d'accord sur tout): on peut parler de casse du service public, et même d'une véritable privatisation.

Une Université ouverte à tous ?

Le montant de l'aide sociale n'a cessé de régresser, proportionnellement au nombre d'étudiants, tandis que le coût des études augmente
De plus en plus d'entre nous doivent se salarier, souvent en plein temps, aux dépens de leurs études (d'autant plus que la semestrialisation imposée par la réforme Bayrou-Allègre les désavantage encore plus)
Pour les étudiants étrangers, c'est encore bien pire:

Une Université de qualité ?

De moins en moins de création de postes d'enseignants entraîne de plus en plus de TD surchargés.
Des menaces de plus en plus précises pèsent sur les enseignements jugés "non rentables". La semestrialisation limite la durée des enseignements, remet en cause la cohérence l'année et la qualité des examens

Une Université publique ?

De moins en moins. Sous prétexte de "professionnalisation", elle est livrée aux intérêts privés. Les entreprises paient (un peu) et en retour choisissent ce qui est enseigné. La garantie pour nous de trouver un emploi ? Pas du tout. Plutôt celle d'être un stagiaire payé 2000 F par mois pendant ses études, et rapidement un chômeur ensuite. Parce que les entreprises ont intérêt bien sûr à prendre des stagiaires plutôt que des salariés, qu'il faut payer. Parce que de telles formations sont à courte vue.
Un exemple: on a créé à Clermont il y a quelques années un "DEUG Michelin". Que vont devenir ses titulaires maintenant que Clermont licencie ? Cette politique se généralise cette année avec la création d'un nouveau diplôme, la "licence professionnelle". L'essentiel des études et des épreuves: un stage d'un semestre, noté par le patron ! Contenu des études ? le patronat décide. L'avantage d'une formation générale, c'est qu'elle permet ensuite de s'adapter. Celles-là ne le permettront pas.
Il est clair que dans cette Université qu'on nous prépare, il y aura peu de place pour les études de Lettres. La même logique a conduit Bayrou puis Allègre à restreindre leur principal débouché, l'enseignement, en réduisant de 40 % en quatre ans le nombre de postes au CAPES et à l'Agreg)
Trois raisons d'être dégoûté de faire des études ?

... un syndicat étudiant présent au quotidien sur la fac

Non, trois raisons de nous mobiliser pour défendre nos études. En mars dernier, la mobilisation de toute l'Education nationale a obtenu le départ d'Allègre, qui n'est certes pas l'inventeur de cette politique, mais en était le symbole, et une pause dans les réformes.
C'est la preuve que la lutte peut payer. Elle doit être poursuivie, pour empêcher Lang de reprendre la politique d'Allègre, comme il en manifeste l'intention, pour obtenir l'abolition des réformes d'Allègre et de Bayrou.
Pour nous, c'est à cela que sert un syndicat étudiant: à nous défendre.
A informer sur la réalité des réformes, et sur le fonctionnement de l'Université(c'est à cela que servent Trait d'Union. Des analyses plus détaillées dans Le Guide de l'Étudiant) et à appeler à la mobilisation contre elles.
A agir pour limiter leur application sur notre fac. Grâce à une pétition, des assemblées générales à Clignancourt et à l'action de nos élus dans les conseils, nous avons ainsi obtenu, contre la réforme Bayrou-Allègre, le maintien du principe que toute matière où on a la moyenne est définitivement acquise
A défendre individuellement les étudiants victimes de cette politique. Ainsi notre SOS-Inscription permet-il l'inscription en fac de nombreux bacheliers refusés par RAVEL
Trois bonnes raisons de penser à adhérer à l'UNEF à la rentrée, donc.