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Posté par Jean-Paul CANEVET le 1/11.

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On peut dire sans exagérer que la rentrée 99 à l’université de Nantes restera l’une des plus bordéliques de cette fin de siècle.
Cela ne doit pas nous surprendre, car l’université en France est victime d'une même logique, depuis de nombreuses années, et quels que soient les gouvernements: casse du service public, désengagement financier de l'Etat, régionalisation, soumission croissante aux intérêts à court terme des entreprises, remise en cause du contenu scientifique des enseignements (cher et inutile, c’est bien connu).L’année passée en Novembre, une poignée d’étudiants (dont nous étions) avaient tenté de s’opposer à la mise en place de la semestrialisation. Etant donné le résultat de cette énième réforme, on ne peut aujourd’hui que leur donner raison.

La réforme avait pour but de faciliter la réorientation des étudiants en cours d’année et de redécouper les années en semestres, mais sa mise en place s’est surtout faite sans moyens supplémentaires. Résultat, des options moins choisies par les étudiants qu’imposées du fait des chevauchement des cours, des examens ingérables pour l’administration, des rattrapages qui n’ont vu qu’un faible nombre d’étudiants se présenter (pas facile de repasser l’épreuve 6 mois après l’exam) en prime, la mise en place d’un nouveau système informatique sans test préalable (faute de moyens) a provoqué de graves dysfonctionnements pour l’affichage des notes. On constate ainsi que l’université se montre incapable de répondre à la demande des étudiants. Les étudiants de socio s’entassent en surnombre dans les amphis, les étudiants en LEA subissent des TDs à plus de 60 personnes, certains étudiants ne savent toujours pas si ils sont inscrits....
On pourrait croire que le summum a été atteint, mais.... Mais avec la réforme Allègre, une nouvelle étape, hélas décisive, est en train d'être franchie. Cette réforme ne dit pas son nom, mais est éparpillée entre un certain nombre de textes préparatoires (rapport Attali, plan U3M, rapport Guillaume, loi sur l'innovation... C'est pourquoi on parle couramment des réformes Allègre) : elle n'en existe pas moins, et représente l'aboutissement de la politique de casse du service public. 
Elle instaure, avec l'objectif de créer des «pôles d'excellence», la mise en concurrence des Universités. C'est la fin de la valeur nationale des diplômes. C'est aussi la fin de leur valeur permanente: le rapport Attali précise qu'un diplôme n'aura plus aucune valeur reconnue sur le marché du travail au bout de quinze ans. 
Elle consacre le désengagement de l'Etat à qui revient normalement le financement de l'Université (c'est la seule garantie possible d'égalité), et l'appel à d'autres: les régions d'abord (mieux vaudra étudier dans une région riche!), les étudiants eux-mêmes (on commence à parler d'une hausse considérable des droits d'inscription. Cela s'est déjà fait en Grande Bretagne et en Italie. C'est l'harmonisation européenne selon Allègre), et... les entreprises privées. La contrepartie pour elles sera une part prépondérante dans la gestion des Universités : ainsi le rapport Attali propose-t-il que les présidents d'Université ne soient plus des profs mais des représentants du patronat. Il n'est pas excessif de parler de privatisation de l'Université : les entreprises financeront selon leurs propres critères, à court terme. 
Cela conduit à la dévalorisation de tous les enseignements sans rapport direct avec l'activité économique, et même dans certains cas à leur suppression. Déjà, en avril, seule la mobilisation des étudiants a pu empêcher la fermeture de l'Histoire de l'Art à Nantes, au nom du plan U3M. Beaucoup d'autres sont menacés. 
Dans ces conditions que reste-t-il aux étudiants pour se défendre ? Le mouvement en histoire des arts et archéologie de Février à Mai 99 a prouvé que la mise en place d’un rapport de force pouvait comme par enchantement livrer d’heureuses issues aux revendications qui pouvaient paraître perdues d’avance. Il ne tient qu’à nous de réunir les conditions nécessaires à la mise en place de rapports de force pour améliorer nos conditions d’études, et mettre en échec les funestes projets qui planent sur l’université.
Voilà pourquoi nous appelons l’ensemble des étudiants à participer à l’AG du 03 Novembre à 13 h amphi D de la fac de Lettres.
Voilà pourquoi nous appellons aussi les étudiants à se saisir des syndicats qui les défendent et à s’organiser.

Pour le Collectif des Etudiants de Nantes-UNEF, 
                                        Manuel Canévet.

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