Cela ne doit pas nous
surprendre, car l’université en France est victime d'une même
logique, depuis de nombreuses années, et quels que soient les
gouvernements: casse du service public, désengagement financier de
l'Etat, régionalisation, soumission croissante aux intérêts
à court terme des entreprises, remise en cause du contenu scientifique
des enseignements (cher et inutile, c’est bien connu).L’année
passée en Novembre, une poignée d’étudiants (dont
nous étions) avaient tenté de s’opposer à la mise en
place de la semestrialisation. Etant donné le résultat de cette
énième réforme, on ne peut aujourd’hui que leur
donner raison.
La réforme avait
pour but de faciliter la réorientation des étudiants en cours
d’année et de redécouper les années en semestres,
mais sa mise en place s’est surtout faite sans moyens
supplémentaires. Résultat, des options moins choisies par les
étudiants qu’imposées du fait des chevauchement des cours,
des examens ingérables pour l’administration, des rattrapages qui
n’ont vu qu’un faible nombre d’étudiants se
présenter (pas facile de repasser l’épreuve 6 mois
après l’exam) en prime, la mise en place d’un nouveau
système informatique sans test préalable (faute de moyens) a
provoqué de graves dysfonctionnements pour l’affichage des notes.
On constate ainsi que l’université se montre incapable de
répondre à la demande des étudiants. Les
étudiants de socio s’entassent en surnombre dans les amphis, les
étudiants en LEA subissent des TDs à plus de 60 personnes,
certains étudiants ne savent toujours pas si ils sont
inscrits....
On pourrait croire que
le summum a été atteint, mais.... Mais avec la réforme
Allègre, une nouvelle étape, hélas décisive, est en
train d'être franchie. Cette réforme ne dit pas son nom, mais est
éparpillée entre un certain nombre de textes préparatoires
(rapport Attali, plan U3M, rapport Guillaume, loi sur l'innovation... C'est
pourquoi on parle couramment des réformes Allègre) : elle n'en
existe pas moins, et représente l'aboutissement de la politique de
casse du service public.
Elle instaure, avec
l'objectif de créer des «pôles d'excellence», la
mise en concurrence des Universités. C'est la fin de la valeur
nationale des diplômes. C'est aussi la fin de leur valeur permanente: le
rapport Attali précise qu'un diplôme n'aura plus aucune valeur
reconnue sur le marché du travail au bout de quinze ans.
Elle consacre le
désengagement de l'Etat à qui revient normalement le financement
de l'Université (c'est la seule garantie possible
d'égalité), et l'appel à d'autres: les régions
d'abord (mieux vaudra étudier dans une région riche!), les
étudiants eux-mêmes (on commence à parler d'une hausse
considérable des droits d'inscription. Cela s'est déjà fait
en Grande Bretagne et en Italie. C'est l'harmonisation européenne selon
Allègre), et... les entreprises privées. La contrepartie pour
elles sera une part prépondérante dans la gestion des
Universités : ainsi le rapport Attali propose-t-il que les
présidents d'Université ne soient plus des profs mais des
représentants du patronat. Il n'est pas excessif de parler de
privatisation de l'Université : les entreprises financeront selon leurs
propres critères, à court terme.
Cela conduit à
la dévalorisation de tous les enseignements sans rapport direct avec
l'activité économique, et même dans certains cas à
leur suppression.
Déjà, en avril, seule la mobilisation des étudiants a pu
empêcher la fermeture de l'Histoire de l'Art à Nantes, au nom du
plan U3M. Beaucoup d'autres sont menacés.
Dans ces conditions que
reste-t-il aux étudiants pour se défendre ? Le mouvement en
histoire des arts et archéologie de Février à Mai 99 a
prouvé que la mise en place d’un rapport de force pouvait
comme par enchantement livrer d’heureuses issues aux revendications qui
pouvaient paraître perdues d’avance. Il ne tient qu’à
nous de réunir les conditions nécessaires à la mise en
place de rapports de force pour améliorer nos conditions
d’études, et mettre en échec les funestes projets qui
planent sur l’université.
Voilà pourquoi nous
appelons l’ensemble des étudiants à participer à
l’AG du 03 Novembre à 13 h amphi D de la fac de
Lettres.
Voilà pourquoi nous
appellons aussi les étudiants à se saisir des syndicats qui les
défendent et à s’organiser.
Pour le Collectif des Etudiants de Nantes-UNEF,
Manuel Canévet.
Collectif des Etudiants de Nantes-Union Nationale des Etudiants de
France
Local des associations, fac de lettres et
sciences humaines
rue de la censive du tertre, BP 81
227
44 312 NANTES cedex 3