(T-U 6, janvier 1999, p.4)

Contre la casse du service public, de réforme Bayrou en rapport Attali

Depuis de nombreuses années, quels que soient les gouvernements, l'Université est victime d'une même logique: casse du service public, désengagement financier de l'État, régionalisation, soumission croissante aux intérêts à court terme des entreprises, remise en cause du contenu scientifique des enseignements (ça coùte cher et, de leur point de vue, ça ne rapporte rien).

La pièce maîtresse en a incontestablement été la réforme Bayrou en 1997. Elle comportait trois points principaux:

1) Remplacement de la première année de DEUG par une année d'orientation bidon, avec un risque net de sélection. À Paris IV, grâce à l'action des élus UNEF, soutenus par la plupart des profs (et malgré l'UNEF-ID et l'UNI), cela a été appliqué de façon minimum (mais suffisamment pour perturber le calendrier et , surtout, limiter les passages conditionnels). Mais il faut rester vigilants.

2) Casse de la cohérence de l'année universitaire et des cursus sous prétexte de semestrialisation. C'est le point central. Paris IV ne l'avait pas encore appliquée (pour la même raison). C'est fini: Allègre vient de nous l'imposer pour l'année prochaine (Nous avons publié un dossier complet à ce sujet dans Trait d'Union n*5.).

3) Intégration dans les cursus de deuxième cycle de stages sous-payés (1700F / mois !) sans autre but que vider les facs en fournissant de la main d'oeuvre à très bon marché (autant d'emplois véritables en moins !), les fameux "stages diplômants". Il n'en est pas encore question à Paris IV, mais ce sera la prochaine étape.

Les mesures proposées par le récent rapport Attali consacrent et aggravent cette logique: officialisation de la mise en concurrence des Universités (implicite chez Bayrou), fin de la valeur nationale et de la valeur permanente des diplômes, étalement du DEUG sur trois ans (pour faire place aux stages!), dévalorisation de tous les enseignements sans rapport direct avec l'activité économique, et même proposition que les présidents d'Université ne soient plus des profs mais des représentants du patronat (!)

Ce n'est pas par hasard qu'en parallèle Bayrou puis Allègre ont réduit drastiquement le nombre de postes au CAPES et à l'Agrégation, et entrepris de casser le statut de pion. C'est un changement total de la fonction de l'Université qu'on veut imposer: non plus donner une formation intellectuelle pouvant servir dans un grand nombre de carrières, mais fournir de la main d'oeuvre à très bon marché à très court terme (pendant les études: stagiaire; ensuite: chômeur, pour laisser la place à d'autres stagiaires!) au patronat, tandis que les Grandes Écoles fourniront les cadres.

Nous sommes les seuls à Paris IV à combattre cette logique. Nous n'avons toujours pas compris pourquoi l'UNEF-ID considère la réforme Bayrou comme "une grande victoire pour les étudiants". Nous comprenons en revanche fort bien pourquoi l'UNI l'a soutenue (même si elle dénonce maintenant les "délires d'Allègre", qu'elle soutenait quand c'étaient ceux de Bayrou et Juppé!).

Nos élus dans les conseils continueront à exiger l'abrogation de la réforme Bayrou, le rejet du rapport Attali, le retour d'un nombre de postes aux CAPES-Agreg au moins égal à celui de 1996. Nous soutiendrons et relayerons toute mobilisation en ce sens, comme nous l'avons fait cet automne avec le mouvement lycéen puis les grèves de facs de province et de Tolbiac.

Le 19 janvier à Paris IV, votez pour les listes UNEF-UNEM et non syndiqués