(Trait d'Union n¡8 (2e Ždition), septembre 1999, p. 2)


Les rŽformes Allgre:
la casse de l'UniversitŽ publique !

Depuis de nombreuses annŽes, quels que soient les gouvernements, l'UniversitŽ est victime d'une mme logique: casse du service public, dŽsengagement financier de l'Etat, rŽgionalisation, soumission croissante aux intŽrts ˆ court terme des entreprises, remise en cause du contenu scientifique des enseignements (‚a cožte cher et, de leur point de vue, a ne rapporte rien).

La pice ma”tresse en a incontestablement ŽtŽ la rŽforme Bayrou en 1997. Son point central est la semestrialisation, coupure de l'annŽe en deux semestres autonomes. Le but est de permettre l'alternance entre semestres de cours et semestres de stages (les fameux stages dipl™mants payŽs 1700F/mois voulus par le patronat). Elle a des consŽquences catastrophiques, d'ordre pŽdagogique (problme de suivi et de cohŽrence des enseignements et des exams) et d'ordre pratique (pagaille dans le calendrier, dŽlais raccourcis, difficultŽs supplŽmentaires pour les Žtudiants salariŽs). Elle est appliquŽe pour la premire fois cette annŽe ˆ Paris IV, et nous commenons ˆ dŽcouvrir ces inconvŽnients.

Mais avec les rŽformes Allgre, une nouvelle Žtape, hŽlas dŽcisive, est en train d'tre franchie. Ces rŽformes (plan U3M et diffŽrents textes) reprŽsentent l'aboutissement de la politique de casse du service public.

Elles instaurent, avec l'objectif de crŽer des "p™les d'excellence" la mise en concurrence des UniversitŽs. C'est la fin de la valeur nationale des dipl™mes.

Elles consacrent le dŽsengagement de l'Etat ˆ qui revient normalement le financement de l'UniversitŽ (c'est la seule garantie possible d'ŽgalitŽ), et l'appel ˆ d'autres : les rŽgions d'abord (mieux vaudra Žtudier dans une rŽgion richeÊ!), les Žtudiants eux-mmes (on commence ˆ parler d'une hausse considŽrable des droits d'inscription. Cela s'est dŽjˆ fait en Grande Bretagne et en Italie. C'est l'harmonisation europŽenne selon Allgre), et... les entreprises privŽes. La contrepartie pour elles sera une part prŽpondŽrante dans la gestion des UniversitŽs.

Cela conduit ˆ la dŽvalorisation de tous les enseignements sans rapport direct avec l'activitŽ Žconomique, et mme dans certains cas ˆ leur suppression. Evidemment, les facs littŽraires comme la n™tre sont particulirement menacŽes: pas rentables donc pas de crŽditsÊ! Quant aux stages dans des entreprises privŽes, on voit mal quel rapport ils auraient avec le contenu de nos Žtudes (module photocopieuse/cafetire en licence de philoÊ??).

Aprs la semestrialisation, l'adaptation des cursus aux exigences des entreprises se poursuit. Allongement du DEUG sur trois ans pour faire place aux stages, disparition de la spŽcificitŽ de l'annŽe de licence, professionnalisation de la ma”trise et de la thse aux dŽpens de la recherche: c'est cela le "3-5-8", qui sera appliquŽ ˆ partir de la rentrŽe 2000 si nous ne faisons rien.
ÊCe n'est pas par hasard que, paralllement, Bayrou puis Allgre ont rŽduit drastiquement le nombre de postes au CAPES et ˆ l'AgrŽgation, et entrepris de casser le statut de pion. C'est un changement total de la fonction de l'UniversitŽ qu'on veut imposer: Non plus donner une formation intellectuelle pouvant servir dans un grand nombre de carrires, mais fournir de laÊ main d'oeuvre ˆ trs bon marchŽ ˆ trs court terme (pendant les Žtudes: stagiaire; ensuite: ch™meur, pour laisser la place ˆ d'autres stagiaires !) au patronat, tandis que les Grandes Ecoles fourniront les cadres.

SIGNEZ LA PƒTITION NATIONALE:
Pour un vŽritable service public de qualitŽ
Pour le rŽengagement financier total de l'Etat dans l'Enseignement
Pour l'ŽgalitŽ de tous les Žtudiants quelle que soit leur origine gŽographique,
sociale ou leur nationalitŽ,
Pour une universitŽ garantissant la transmission et le dŽveloppement de l'ensemble des savoirs.
RETRAIT IMMƒDIAT DES RƒFORMES ALLéGRE !

Lien vers le site Ensemble contre les rŽformes Allgre