(Trait d’Union, numéro 16, octobre 2000, page 3-4)

Semestrialisation: autopsie d'une catastrophe qui n'a rien de naturel

Un des points de la désastreuse réforme Bayrou-Allègre-UNEF-ID, c’est la semestrialisation. L’UNEF a toujours combattu cette réforme, et notamment la semestrialisation, une aberration qui conduit à des difficultés sans nombre, et qui va à l’encontre des principes éducatifs les plus simples.

C’est mieux que si c’était pire ? Voire...

Certes, pour certaines matières, le découpage des programmes en deux n’est pas très perturbateur. En littérature française, par exemple, chaque semestre correspond à un certain nombre d’ouvrages. Dans ce cas, l’étude de chacun de ces livres ne nécessite pas la connaissance des précédents. Les choses ne sont pas si simples ailleurs. En histoire ou en géographie, par exemple, comment décider de couper un programme en deux, comment estimer que ce qui a été vu au début de l’année n’a plus lieu d’être à la fin, au nom de quel principe décider qu’il n’existe pas de continuité dans les faits ? Dans les cursus de langues, ainsi qu’en latin et en grec, comment imaginer un semestre de version et un semestre de thème, sans aucun retour sur la version ? Les inspirateurs de la réforme ont imaginé tout ça.

Une simplification ? Pas sûr... D’ailleurs, dans leur esprit, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Avant l’examen de janvier était un simple partiel, dont la note comptait dans le contrôle continu. Cela évitait bien souvent de devoir faire les devoirs pendant les heures de TD, les semestres étant très courts (un semestre fait 12 ou 13 semaines, c’est moins qu’un trimestre de lycée...). La conséquence ? Des devoirs sur table le samedi matin, beaucoup d’enseignants ne voulant pas, et c’est normal, priver leurs étudiants d’une heure de cours. Par contre, ce n’est pas très agréable pour les étudiants.

Cela n’est qu’anecdotique à côté des problèmes d’examens :

- une note du début de programme qui ne rattrappe pas la note de fin de programme (les UE se compensent entre elles, mais les UE des deux semestres sont différentes... même si les enseignements de l’une se poursuivent dans l’autre. La logique ? A l’UNEF, nous la cherchons encore...)

- par conséquent, des étudiants qui ne comprennent pas pourquoi, s’ils ont échoué en janvier et réussi en juin à un même module, ils doivent repasser la partie de janvier. Car qui peut le plus peut le moins... Mais, à l’université, plus maintenant.

- les étudiants ne sont pas les seuls à ne pas comprendre. Les ordinateurs eux aussi ont du mal, et les secrétariats d’UFR d’autant plus.

- et puis, il y a la durée des épreuves... au lieu d’une session d’examen en juin, il y en a deux, de taille équivalente... mais la session de septembre a toujours la même durée. La conséquence ? des épreuves réduites, des étudiants qui ne savent pas combien de temps durent leur épreuve, qui ne savent pas s’ils devront passer un écrit ou un oral, parfois même qui ne savent même pas sur quel programme ils seront interrogés.

- ... et il y a les convocations aux épreuves, illisibles (... quand elles arrivent et qu’elles sont justes... Mais pour savoir si elles sont justes, il faut souvent bien vérifier et ce n’est pas facile). Maintenant, les modules ont des codes. Avant, par exemple, le module de français n°101 s’appelait FR101. Maintenant, il s’appelle DLM 101 (Deug de Lettres Modernes 101 - sans précision de la matière). Le problème, c’est quand deux modules ont le même code. Ainsi, LA 205 (latin 205) est devenu DLM 205, et LF 205 (langue française 205) DLM 205 également. Comment s’y retrouver ? Avec de nouvelles lettres bien sûr, quand les UFR y pensent. Alors on rajoute un G qui signifie Grammaire, par exemple. Il n’y a pas que les étudiants qui font des confusions. Les UFR aussi.

Les solutions ? Combattre avec nous la semestrialisation.

Et, au quotidien, tout vérifier de ce qui nous est envoyé : convocations aux examens à confronter aux programmes (pour voir si on n’a pas oublié de vous convoquer à quelque chose que vous auriez dû passer - ça arrive), notes à aller voir UFR par UFR dès qu’elles arrivent, de façon à tout de suite le signaler quand la note n’apparaît pas alors que vous avez passé l’épreuve (alors il y a eu un problème, plus vous vous en apercevez tôt, plus il peut être réglé facilement) ; après avoir vérifié ses notes dans les UFR au fur et à mesure, les confronter avec les résultats reçus par courrier. Si une note n’apparaît pas ou si certaines ne correspondent pas avec ce que vous avez vu dans les UFR, il faut tout de suite s’en inquiéter).

Si c’est trop dur, si vous ne comprenez vraiment rien, si vous ne savez plus où vous adresser parce que vous avez l’impression d’être baladé d’un service à l’autre, venez nous voir. Les élus UNEF sauront toujours vous conseiller, et vous aider si c’est nécessaire.

Et, bien sûr, il s'agit maintenant de lutter pour que cette première année de la semestrialisation à Paris IV soit aussi la dernière, et que cette catastrophe ne se reproduise pas l'an prochain. Pour cela nous vous proposons de manifester l'opposition des étudiants victimes de la semestrialisation à son maintien.

Signez et faites signer la pétition
Semestrialisation: un an, ça suffit !