Résultats des élections étudiantes aux conseils centraux de Paris IV (mardi 25 fˇvrier 2003)
On votait par collège de cycle pour chacun des conseils, les sièges étant attribués à la proportionnelle au plus fort reste.
Premier cycle:
CA: UNEF (exID) 393 voix (38,5 %), soit 2 élus ; DIES 150 voix (14,5 %), soit 1 élu ; Sud 136 voix (13,5 %), soit 1 élu ; Oxygène-RS FSE 119 voix (11,5 %), soit 1 élu ; UNI 115 voix (11 %) ; corpo archéo 115 voix (11 %).
CEVU: UNEF (exID) 380 voix (37 %), soit 1 élu ; DIES 170 voix (16,5 %), soit 1 élu ; Sud 126 voix (12,5 %), soit 1 élu ; Oxygène-RS FSE 121 voix (12 %) ; UNI 115 voix (11,5 %) ; corpo archéo 107 voix (10,5 %).
Deuxième cycle:
CA :UNEF (exID) 361 voix (39,5 %), soit 2 élus ; DIES 196 voix (21,5 %), soit 1 élu ; Sud 116 voix (12,5 %), soit 1 élu ; UNI 102 voix (11 %), soit 1 élu ; corpo archéo 71 voix (8 %) ; Oxygène-RS FSE 71 voix (8 %).
CEVU :UNEF (exID) 337 voix (37 %) soit 1 élu ; DIES 207 voix (23 %) soit 1 élu ; Sud 124 voix (13,5 %) soit 1 élu ; UNI 92 voix (10 %) ; corpo archéo 74 voix (8 %) ; Oxygène-RS FSE 73 voix (8 %).
Total des deux cycles
CA (1935 votants)
UNEF (exID) 754 voix (39 %); DIES 346 voix (18 %); Sud 252 voix (13 %); Oxygène-RS FSE 190 voix (10 %); UNI 207 voix (10,5 %) ; corpo archéo 186 voix (9,5 %).
CEVU (1960 votants)
UNEF (exID) 741 voix (38 %), soit 2 élus ; DIES 377 voix (19 %); Sud 250 voix (12,5 %), soit 1 élu ; Oxygène-RS FSE 194 voix (10 %) ; UNI 207 voix (10,5 %) ; corpo archéo 191 voix (10 %).
En troisième cycle, où nous ne présentions pas de liste, l'UNEF(exID) obtient 4 élus, DIES 3 élus, et la corpo d'Histoire de l'Art et Archéologie 1 élu, avec une participation de l'ordre de 1%.
Le commentaire donné sur le forum UNEF Résistance par Emmanuel Lyasse, élu sortant au CS
Quelques mots sur ces résultats, qui manifestement suscitent les passions, ce qui n'est pas mauvais en soi.
Commençons par ce qui nous intéresse au premier chef. Les listes Oxygène UNEF RS / FSE font 10% des voix sur les deux premiers cycles. Le mode très particulier de scrutin font qu'elles n'ont qu'un seul élu, au CA. L'essentiel est que ce seul élu sera suffisant pour assurer notre existence pendant deux ans, et la continuation de ce qui a été entrepris à l'occasion de ces élections. C'est un bon résultat, compte tenu des conditions. L'organisation s'est constituée à l'occasion du dépôt des listes. Un mois auparavant, elle n'avait aucune existence. Elle est apparue publiquement pour la première fois... le lundi, veille des élections. C'est donc en deux jours, avec deux tracts et quelques affichettes que nous avons convaincu 194 étudiants de Paris IV de voter pour nous. Le contre-exemple du centre Michelet (histoire de l'Art) où, n'ayant pas pu mettre les pieds faute de militants, nous ne faisons presque aps de voix le confirme. Notre filiation avec feue l'UNEF Paris IV ne nous a, comme c'était prévu, apporté aucune voix, si elle nous permettait de connaître la maison, de savoir et faire savoir (contrairement à tous nos adversaires) quel était l'enjeu de l'élection. Le soutien de la FSE nous a apporté un renfort militant appréciable de Paris III, et surtout, un avantage certain en termes d'affichage du point de vue du syndicalisme étudiant. Il montre que les malentendus de l'époque où l'organisation de Lieutaud se prétendait "de lutte" sont dissipés. Mais manifestement les étudiants de Paris IV ne connaissaient pas plus la FSE qu'Oxygène: nous savions que la conversion du susnommé à la FSE n'était pas aller jusqu'à le faire militer pour elle. Ceci le confirme. Nous devons donc constater le relatif succès d'une opération parachutiste délibérément assumée comme telle. C'est la suite qui permettra d'apprécier l'intérêt de ce succès. Nos camarades sont allés aux urnes sans chercher à se faire passer pour ce qu'il n'étaient pas mais en disant "Il n'y a plus de syndicat étudiant à paris IV. Il faut en reconstruire un". Nous avions plus de militants le jour où nous avons déposé les listes qu'une semaine auparavant (Nous n'aurions pu d'ailleurs en avoir moins). Nous en avons eu plus pour faire campagne que le jour du dépôt des listes. Au-delà du score, intéressant en soi, les nombreuses marques d'intérêt que nous avons rencontrées laissent penser qu'un effet boule de neige est possible. Les conditions en sont en tout cas créées.
Il est évidemment hautement comique de voir Philippe Lieutaud comparer notre résultat à celui de l'UNEFexID, désormais et jusqu'à nouvel ordre son organisation. Chacun sait qu'elle fait la majorité de ses voix sur son nom et sa couverture médiatique, la plupart des autres sur le travail de ses professionnels du mensonge électoral le jour même. En Sorbonne, ils étaient des nuées autour de l'urne, cherchant à y pousser tous les malheureux qui passaient par là. Nous étions beaucoup moins nombreux, et de préférence à l'entrée: c'est l'inconvénient de distribuer un tract pour qu'il soit lu. De plus, l'U-ID a bénéficié d'avantages certains dans la période récente. Par la grâce du président Molinié, elle disposait de deux locaux en Sorbonne, plus un troisième au titre de Paris I (la corpo DIES et l'UNI en ayant chacune un) et de tous les locaux sur les sites de premier cycle de Malesherbes et de Clignancourt. Elle avait eu toute latitude donc pour se constituer une solide clientèle. Lors de la campagne même, nous avons pu constater des faits troublants. Il a déjà été question ici du caractère bizarrement sélectif des contrôles de cartes à l'entrée à Malesherbes, et des justifications rigolotes de l'ex camarade Lieutaud. Mais en Sorbonne, avec les vigiles du Rectorat, ce fut encore plus net. D'abord, le lundi, oukase rectoral: il est interdit de distribuer dans la cours, on ne peut le faire qu'à l'entrée. Un quart d'heure avant, l'U-ID le faisait. Un quart d'heure après, elle le fait à nouveau, sous le nez des vigiles. Pas de réaction. Beaucoup plus énorme. Lundi matin, TOUS les panneaux avaient été collé par l'U-ID avec les portraits de Victor Hugo et de Yaël (reconnaissable à l'écriteau "en solde" autour de son cou). Nous en avons recouvert une petite partie par quelques affichettes, au scotch, car nous n'avions pas de colle (pas évident, quand on n'a pas de local). L'aimable Lieutaud, après les avoir toutes arrachées, nous a expliqué qu'étant la seule orga représentative (sic) il avait seul le droit d'afficher dessus. Coup de fil à la présidence de Paris IV pour l'interroger sur ce point. Une secrétaire charmante, à qui je laisse mon numéro de portable. Personne ne rappelle. Le lendemain, je saute sur le président de passage pour lui poser la même question: il me répond bien sûr, mais un peu tard, qu'évidemment il ne cautionne pas cette prétention. Entretemps, lundi après-midi, les affiches U-ID s'étaient mises à tomber, malgré la colle, par un effet naturel en ces cas-là de la loi de la pesanteur. Mardi matin, tout était à nouveau recouvert. Nous nous y attendions un peu, et nous étions munis de colle. Là, intervention du Rectorat: il est de toute éternité interdit de coller à l'intérieur de la Sorbonne (voir tous les épisodes précédents). Comme les affiches au scotch recommencent à voler, je m'adresse, vers 13h, à leur chef, d'habitude conciliant. Débat hallucinant. En gros "Oui, il est interdit de coller. - Mais l'U-ID ? - Ah, si on les avait croisés qu'est-ce qu'on leur aurait mis, mais ils ont dû courir très vite (ceux qui connaissent la topographie des lieux, et les positions des vigiles par rapport aux panneaux, apprécieront). Ce n'est pas notre travail d'arracher les affiches une fois qu'elles sont collées. - Ben oui, mais ils ont collé, et ça ne sert à rien de coller au scotch par dessus. Est-ce que vous êtes prêts à protéger nos affichettes ? - Ca n'est pas notre travail, il est normal que (FAUX: bien des fois, les vigiles sont intervenus pour arbitrer des problèmes de partage de panneaux d'affichage) - Alors laissez nous coller - Pas question - En somme l'UNEF-ID a le droit de coller, et nous pas ? - Vous n'avez pas le droit de dire ça." Tout ça pour vous dire que le rectorat et la présidence de Paris IV ont réinventé la notion, en vigueur sous le second empire, de candidature officielle.
La différence notable est qu'alors, les candidats officiels faisaient plus de 39%, et que la participation était de plus de 10%. Pour l'"UNEF-ID prétendument réunifiée", c'est donc un échec cinglant, qui vient confirmer bien d'autres résultats: malgré tous ses efforts, elle plafonne partout à un score inférieur à celui de la seule UNEF-ID avant, parce que sa prétention odieuse à être contre toute évidence "le syndicat étudiant" la dessert auprès de la majorité des étudiants.
Comme c'était prévisible, ce discrédit profite, outre bien sûr, massivement, à l'abstention, à SUD plus qu'à nous. SUD a l'avantage d'avoir un nom connu, grâce aux PTT, et deplus évocateur et facile à retenir. Un tract qui avait tous les atours de la radicalité, s'il ne parlait pas de la situation à paris IV et peu de la nature des élections, a fait le reste, pour qu'il apparaisse comme la principale alternative à l'UNEF-ID. S'il agit effectivement dans cette voie, on ne pourra que se féliciter de son résultat. En l'ajoutant au nôtre, on obtient 25% contre les réformes et leurs laquais, et cinq élus. On peut cependant avoir quelques inquiétudes. Nous avons rencontré sur ces deux jours de campagne des candidats de SUD non éligibles, en général non adhérents, très sympathiques, qui regrettaient que nous nous ne nous présentions pas ensemble, et étaient fort surpris d'apprendre que nous l'avions proposé sans succès... et des chefs sudistes venus de Paris I très agressifs. On verra rapidement, à l'occasion de l'élection des commissions par exemple, si les élus de SUD veulent faire du syndicalisme, auquel cas ils sont faits pour s'entendre avec le nôtre, ou jouer, comme souvent hélas à Paris I, une partie à deux avec l'U-ID qui les limitera au rôle de caution "de gauche".
Reste que l'événement majeur de ces élections n'est aucun de ces trois scores, mais l'incroyable percée de DIES, corpo grotesque officiellement apolitique mais formée d'étudiants très à droite (et inspirée par des profs qui n'ont rien à leur envier). Slogan: "Pour la joie dans la Sorbonne". Pas un mot de politique universitaire, sauf sur le dernier tract trois lignes pour dire que les ECTS c'était bien, mais qu'il ne fallait pas qu'ils abîment la Sorbonne. Ils expliquent aussi qu'ils n'affichent pas parce qu'ils ne veulent pas abîmer la Sorbonne. De quoi s'entendre avec le Rectorat et l'U-ID. Beaucoup plus effrayant, pour des sortants (un au CA, un au CEVU), ils expliquent dans leur tract à quoi servent les conseils. Ca donne: la CA s'occupe des affaires administratives, le CEVU de la vie sociale étudiante, le CS du contenu des études. Ca vaut l'histoire, d'ailleurs contestée, d'Aristide Briand qui croyait que le concile de Trente était une réunion de trente personnes... Bref, leur score n'est pas l'effet d'une droitisation des étudiants de Paris IV. Plutôt une effroyable et aberrante guignolade. Comment fut-ce possible ? La responsabilité est à chercher, à mon sens, du côté de ceux qui ont délibérément transformé les élections étudiantes en une vaste mascarade. Pas étonnant que leur juste discrédit laisse la place à des clowns. Je ne coirs pas que ç'aurait été possible dans ces proportions il y a deux ans, quatre ans, six, ans, quand l'UNEF faisait un travail syndical sérieux.
C'est l'UNI qui fait les frais de l'opération, avec un score très faible compte tenu de son implantation et un seul élu. Il est certain qu'une partie de la droite a préféré favoriser les clowns. De plus, l'UNI a toujours plus de mal à mobiliser son électorat sous les gouvernements de droite, quand elle explique docilement que tout va bien, que sous ceux de "gauche", où on ne peut lui contester que tout va mal. Enfin, son tout nouveau discours libéral sur la professionnalisation était totalement hors de propos dans une fac de Lettres. Cela explique aussi le succès contre les clowns, qui avaient la Sorbonne et les humanités plein la bouche.
Enfin, pour répondre à l'ex camarade Lieutaud, qui se plaint que nous ne l'oublions pas alors qu'il prétend nous avoir oubliés. C'est assez naturel: il est plus facile d'oublier ceux qu'on a trahis, qu'à ceux qui ont été trahis d'oublier. D'autant plus qu'il n'a pas trahis que nous, mais tous les étudiants de Paris IV à qui notre vieille UNEF était utile. Pour ma part, je ne suis pas près d'oublier que j'ai dirigé largement, à sa demande, en décembre 2000, une campagne dont les engagements ont été trahis six mois plus tard par la majorité de ceux qu'elle avait fait élire.
Cela s'appelle l'aurore...