Motion de Paris VI : ce boycott qui n’existe pas

"L'occupation israélienne des territoires de Cisjordanie et de Gaza rend impossible l'activité d'enseignement supérieur et de recherche de nos collègues palestiniens : le renouvellement de l'accord d'association Union Européenne — Israël, en particulier en matière de recherche (6eme PCRDT), constituerait un soutien a la politique actuelle de l'Etat israélien et serait en contradiction avec l'article 2 de cet accord ("Les relations entre les parties, de même que toutes les dispositions du présent accord, se fondent sur le respect des droits de l'homme et des principes démocratiques qui inspire leurs politiques internes et internationales et qui constitue un élément essentiel du présent accord").

En conséquence, le conseil d'administration de l'Université Pierre et Marie Curie :

1. se prononce pour le non-renouvellement de l'accord d'association U.E. - Israël ;

2. demande à nos collègues enseignants-chercheurs, exerçant dans les universités israéliennes, de prendre clairement et rapidement position sur la situation concrète faite aujourd'hui tant a nos collègues enseignants-chercheurs des universités palestiniennes qu'à leurs étudiantes et étudiants et de mettre en oeuvre tous les moyens dont ils disposent pour aider les uns a exercer leur métier et les autres a étudier ;

3. mandate le Président de Université pour nouer des contacts avec les autorités universitaires israéliennes et palestiniennes afin d’œuvrer dans le sens de la paix et pour qu'il soumette l'ensemble de ces questions a l'assemblée de la Conférence des Présidents Université."

En votant cette motion, l'université de Paris VI-Jussieu a soulevé un tollé : le CRIF, l’UEJF ou encore l’UNEF(exID), des personnalités du PS et de l’UMP ou pseudo-intellectuelles, ont crié à l'antisémitisme et manifesté avec l’extrême droite israélienne devant Jussieu. Pourtant, les scientifiques qui y travaillent n'ont fait que demander l’application d'une résolution votée le 10 avril 2002 par le Parlement européen qui demandait la suspension des accords signés avec Israël en évoquant les mêmes raisons : comme les scientifiques de Jussieu, les députés de Strasbourg jugeaient indécent que l'Europe continue de financer un pays qui ne respecte pas ses engagements. Mention spéciale au passage pour le grand écart du PS, qui vote la résolution au Parlement européen et dénonce la motion de Jussieu la reprenant à son compte... Il est facile de déformer la réalité et de lancer des anathèmes : il n'est pas question de boycott dans le texte adopté, au contraire il "mandate le président de l'université pour nouer des contacts avec les autorités universitaires israéliennes et palestiniennes afin d’œuvrer dans le sens de la paix". Ce que Paris VI a rappelé en précisant plus tard qu'elle "repousse toute idée de boycott ou de moratoire dans les relations avec les universités israéliennes" et en dénonçant une "campagne de désinformation". On attend toujours par contre la réaction de BHL après la fermeture par le gouvernement israélien de trois universités palestiniennes, dont celle de Bir Zeit.

Cet épisode aura au moins permis de faire tomber les masques : en allant manifester contre cette motion aux côtés des partisans bellicistes d’Ariel Sharon à Jussieu, l’Unef(exID) s’est faite leur alliée objective, légitimant leurs calomnies reprises par les médias. A moins de plaider l’analphabétisme, et l’on serait en droit de se demander alors si ses dirigeants n’auraient pas eu leurs diplômes dans une pochette surprise offerte pour bons et loyaux services par le Ministère de l’Enseignement supérieur ou bien la Présidence de l’université… Cette prise de position est une honte. Heureusement, les étudiants de Paris ont la chance d’avoir encore d’autres syndicalistes étudiants qui s'engagent contre l'oppression du peuple palestinien. Oxygène-RS avait présenté le 30 septembre au CA de Paris I une motion similaire demandant "la non application de l'accord d'association UE-Israël tant que seront violés les droits fondamentaux du peuple palestinien", motion que le président de Paris I avait refusé de soumettre au vote ! Affirmant son entier soutien à la motion votée à Paris VI, Oxygène-RS fera tout son possible pour la relayer.