Trouver un stage à Paris IV

 Les étudiants sont de plus en plus souvent amenés au cours de leurs études universitaires à faire un stage pour valider leur année. En effet, dans certaines filières comme en Lettres Modernes Spécialisées, le passage en stage est obligatoire pour avoir son diplôme de maîtrise.

 Le BSIP de la Sorbonne, bureau dit "d'insertion professionnelle" a pour but d'aider les étudiants à trouver un stage. Il propose plus de trois mille offres de stages par an. A noter que les mêmes entreprises renouvellent les mêmes offres de stages... toute l'année, ce qui leur évite de recruter un salarié à la place du stagiaire. Corinne Lhermitte, responsable du BSIP à Paris IV, explique son rôle : «Nous essayons de négocier la définition des t'ches, l'emploi du temps et les tarifs des stages au cours d'un entretien avec le représentant de l'entreprise. Ensuite, l'étudiant s'entend avec l'employeur et convient par un contrat moral du contenu du stage qu'il va effectuer. La plupart du temps, il est rémunéré à 30 % du SMIC». (Francis Coudin, Que faire avec des études de lettres, Jeunes éditions, 1998, p185/186).

 Le problème est précisément qu'il est question d'un «contrat moral». Or, les étudiants ne peuvent pas se satisfaire d'un contrat moral. Un stage présenté comme «intéressant» pour l'étudiant se révèle souvent être un stage photocopies. De plus, il faut être conscient qu'être rémunéré à 30 % du SMIC est souvent considéré comme une faveur par l'entreprise. Sans parler de la carte orange rarement remboursée ou des tickets restaurants rarement proposés.

 Si malgré tout cela, vous désirez faire un stage, vous pouvez passer au bureau des stages de la Sorbonne, galerie Richelieu. Mais sachez que la plupart des étudiants trouvent leur stage sans passer par le BSIP. En effet, pour une offre de stage la concurrence est rude entre les étudiants...

Le BSIP est ouvert les lundi et mardi de 14h à 17h et les jeudi et vendredi de 9h30 à 12h.

Quelques infos : Voici quelques chiffres qui montrent bien que ce n'est pas avec un stage que l'on trouve le plus souvent un travail :
Comment les jeunes diplômés trouvent-ils leur premier emploi ?
Statistiques APEC, 1996.
petites annonces : 36 %, candidatures spontanées : 33 %
par réseau de connaissances : 18%, stage d'insertion professionnelle : 8%
autres : 5%

Stages : dénonçons le marché de dupes

 Depuis le rapport Laurent (1995), les débats sur la professionnalisation des étudiants sont récurrents dans les projets de réforme universitaire. Ainsi, la réforme universitaire de l'ancien ministre de l'Education Nationale, Bayrou prévoit l'instauration de stages en licence et en maîtrise et celle d'Allègre leur généralisation;

 La thématique lancinante de «l'inadaptation» de la formation universitaire aux entreprises est devenue un lieu commun que même un certain nombre d'étudiants acceptent désormais. Cela pose un problème de fond. En effet, la mission fondamentale de l'université n'est pas de «s'adapter» aux exigences des entreprises, car de très nombreuses filières professionnelles existent déjà pour cela. L'université doit-elle avoir pour unique objet le développement de la connaissance et de la recherche, au service de l'intérêt général (éducation, culture, etc...) ou doit-elle aussi prévoir une "professionnalisation" des études, car la très grande majorité n'est-elle pas destinée à travailler dans des secteurs non liés à la recherche ou à l'enseignement ?

Une injustice sociale intolérable au sein du monde étudiant

Le débat étant posé, force est de constater que les contacts entre l'université et les entreprises n'ont été envisagés par les «responsables» (universités et ministères) que dans le cadre juridique des stages, basés sur le principe d'un statut dérogatoire au droit du travail : rémunération à 30 % du SMIC si l'entreprise est "généreuse", et le plus souvent absence totale de rémunération pendant plusieurs mois, avec comme argumentaire l'inexpérience des étudiants envers le monde du travail.

Cependant, le dernier document de l'Observatoire de la Vie Etudiante (OVE) montre que près d'un étudiant sur deux (40 %) exerce une activité rémunérée pour payer ses études et pour vivre. Parmi ceux-ci, 48 % exercent une activité à mi-temps au moins six mois par an, et 30 % à plein temps.

Dès lors, la discrimination entre deux catégories d'étudiants est flagrante : la première moitié qui peut «s'offrir» un stage s'oppose à celle qui n'a pas les moyens de renoncer - même temporairement - à une activité salariée. Face à cette scandaleuse injustice sociale, nous devons combattre cette situation de complicité des universités avec les entreprises, dont les étudiants font les frais.

Conséquences sociales

 Le triomphe des entreprises est à l'heure actuelle absolu. Le profit considérable qu'elles tirent des stagiaires réside dans le "turn-over" : main-d'oeuvre constamment renouvelable et renouvelée, les stagiaires permettent aux entreprises privées de ne pas embaucher de salariés dans le cadre du contrat de travail classique. L'Etat, adoptant les mêmes principes de contournement du droit du travail, exploite également une armée de réserve de stagiaires et précaires. Ce qui masque un non-renouvellement de postes statutaires pourtant de plus en plus indispensables (éducation, culture, santé, équipement, etc...).

 Tous ensemble, nous devons combattre la logique du "chacun pour soi", basée sur une double mise en concurrence (étudiants entre eux, et étudiants contre salariés) dont les effets ne profitent le plus souvent qu'à des entreprises qui font déjà des milliards de profits !

Contre les stages bidons nous proposons :

Le retour à un véritable contrat de travail précisant :
La durée du travail
Les conditions de travail
La rémunération : en aucun cas inférieure à 90% du salaire
de l'emploi stable correspondant

Une véritable formation professionnelle en adéquation avec la formation de l'étudiant.