Le Guide de l’étudiant de Paris IV 1998/99

Enseignant, un métier qui se mérite: la préparation aux concours



Enseigner, c'est le but de beaucoup d'entre nous en commençant des études dans une filière littéraire. C'est d'ailleurs le principal débouché de ces études. Ce n'est pas évident: il faut avoir au moins une licence, et réussir un concours de recrutement. Le principe du concours, c'est que, au contraire de l'examen, le nombre de candidats qui vont réussir est fixé à l'avance. C'est le classement qui compte: il ne s'agit pas d'avoir la moyenne, mais d'être dans les premiers. C'est plus difficile: il y a un poste pour dix candidats en moyenne. L'avantage, c'est qu'un poste, c'est un emploi de fonctionnaire: une fois que tu as réussi le concours, après une année de stage, tu as un métier pour toute ta vie.

Tous ces concours sont organisés en deux parties. Tout le monde passe l'écrit. Ensuite, seule une partie des candidats (les "admissibles") est admise à passer l'oral (environ deux fois plus que de postes à pourvoir) .

Pour le primaire, il y a un concours par département. Il faut avoir une Licence, n'importe laquelle. Les épreuves portent sur toutes les matières enseignées à l'école primaire, avec à la fois des questions de connaissance sur un programme niveau lycée à peu près et des questions pratiques (commenter des exemples de copies d'élèves). Si tu veux être prof d'école (le nouveau nom pour instituteur) attention à ne pas perdre tout à fait la main en maths et en sciences pendant tes études à Paris IV ! Il n'y a pas de préparation à ces concours à Paris IV Tu peux soit les passer en candidat libre, soit t'inscrire à l'IUFM (qui sélectionne sur dossier), mais ce n'est pas obligatoire

Pour le secondaire, il y a deux concours nationaux différents. Le CAPES est ouvert aux titulaires d'une licence. Cependant, la plupart des candidats ont fait une maîtrise (si tu en as la possibilité, c'est mieux). Pour l'Agrégation, la maîtrise est obligatoire. Les épreuves sont plus nombreuses, plus longues et surtout il y a beaucoup moins de postes, ce qui rend le concours plus difficile. L'avantage d'être agrégé est double: dans le secondaire, on est payé un peu plus pour un service moins lourd (15 heures par semaine au lieu de 18); d'autre part, c'est à peu près indispensable pour pouvoir enseigner dans le supérieur. Pour l'Agreg, il y a un programme précis, qu'il faut travailler à fond, et également des épreuves hors-programme. Au CAPES, il n'y a pas de programme, sauf en Histoire et Géographie, où il est le même qu'à l'Agreg. On a donc intérêt à préparer les deux concours à la fois.
Depuis 1992, il y a une épreuve spécifique à l'oral du CAPES dite "professionnelle" ou "sur dossier". Il s'agit théoriquement de préparer à l'aspect pratique du métier de prof. Malheureusement, si tout le monde parle de "pédagogie", personne n'a jamais trouvé comment elle s'enseignait, et ce que pouvait être une telle épreuve. C'est donc une épreuve-piège pour la plupart des candidats, et de l'aveu même de certains membres des jurys, souvent un jeu de hasard. Mieux vaut assurer aux autres épreuves !
Ces concours sont préparés à Paris IV. Tu peux aussi t'inscrire à l'IUFM pour préparer le CAPES. Pour l'Agreg., si tu as un bon dossier, tu peux demander à être auditeur à l'ENS (45 rue d'Ulm, 75005 Paris) ou à l'ENS Fontenay St Cloud (31 av. Lombard 92260 Fontenay-aux-roses): Ca permet d'avoir des cours supplémentaires (pas forcément meilleurs que ceux de la Sorbonne, mais qui s'y ajoutent), et, surtout, des exercices écrits et oraux en plus grand nombre. Les dossiers sont à retirer au printemps auprès de la scolarité de ces deux écoles..

Préparer les concours à Paris IV, c'est avantageux en raison de la qualité et du grand nombre des cours. Nos profs sont suffisamment nombreux pour que toutes les spécialités soient représentées. De plus, pour l'histoire et la philo, nous avons l'avantage de pouvoir suivre aussi les cours de Paris I, qui ont également lieu en Sorbonne. C'est pourquoi notre université a les meilleurs résultats aux concours, en partie parce que de nombreux étudiants de province viennent à Paris IV pour les préparer, en raison de sa réputation.

Mais les conditions matérielles ne correspondent pas, loin de là: bibliothèques insuffisantes, ou d'accès difficile, amphis surchargés, écrits et oraux d'entraînement en nombre insuffisants, et souvent dans des conditions qui n'ont rien à voir avec celles du concours.
L'UNEF demande: que Paris IV fasse pour la préparation aux concours un effort correspondant à l'importance qu'ils ont pour ses étudiants.
Pour préparer l'écrit, de véritables concours blancs, dans des conditions correspondant à celles du concours.
Pour l'oral, des colles en nombre suffisant.
De véritables TD: à 250 dans un amphi, il n'y a guère de différence avec un cours magistral.

L'UNEF a obtenu: un certain nombre d'améliorations, en particulier la réouverture aux cours du grand amphi.


Menace sur les concours... et sur l'enseignement secondaire

Les concours, c'est difficile. C'est même de plus en plus difficile, grâce à Messieurs Allègre et Bayrou, qui sont d'accord sur ce point comme sur beaucoup d'autres. En deux ans, le nombre de postes offerts a baissé de 30 %. Bayrou et Allègre sont d'accord pour penser qu'il y a trop de profs dans les lycées et collèges ! Ce n'est pas l'impression qu'a donnée le mouvement de ceux de Seine Saint Denis.
L'UNEF a réagi. Voici un des textes qu'elle a publié dans Trait d'Union:

La poursuite de la baisse du nombre des postes mis au CAPES et à l'AGREG est une agression contre l'ensemble des étudiants.
Ceux qui présentent cette année les concours apprennent à quelques semaines des écrits que ce sera plus difficile que prévu, et que deux milles candidats de plus resteront sans poste.
Ceux qui, en DEUG, Licence ou Maîtrise, se destinaient à l'enseignement secondaire voient ce projet remis en cause par cette baisse continue.
Ceux qui ont d'autres projets sont indirectement concernés: moins de postes de profs, c'est beaucoup plus de pression sur tous les autres débouchés.
Ceux qui ont déjà réussi les concours voient leurs conditions de travail détériorées : moins de recrutement, c'est plus d'élèves par classe, moins de possibilités de dédoublements, moins d'options.

Et pourtant, qui peut dire qu'il y a trop de profs dans les lycées et collèges ? Sur l'autel de la rigueur budgétaire, M. Allègre ne sacrifie pas seulement l'avenir de milliers d'étudiants du second cycle: c'est la qualité de l'enseignement secondaire, condition de l'avenir de beaucoup plus encore, qui est en cause. 
C'est pourquoi c'est l'ensemble des étudiants et des enseignants qui doivent se mobiliser pour imposer un changement de logique. Les besoins n'ont pas changé depuis 1996: le nombre de postes aux concours aurait dû au minimum rester le même.

C'est pourquoi l'UNEF considère cette lutte comme prioritaire. Elle avait été à l'origine, l'an passé, de l'appel unitaire qui avait permis une manifestation de 1500 étudiants. Nous déplorons que la passivité d'autres organisations étudiantes et enseignantes ait empêché cette année une réaction unitaire. Pour notre part, nous avions pris position clairement bien avant la publication du nombre de postes: le collectif national de l'UNEF, sur proposition de l'UNEF Paris IV, avait exigé d'Allègre un nombre de postes au moins égal à celui de 1996. Nous avons travaillé depuis à informer et mobiliser les étudiants: notre pétition a à ce jour recueilli plus de 300 signatures.
Evidemment, ce n'est pas suffisant, même si c'est par là qu'il fallait commencer. Nous sommes donc déterminés à continuer ce combat jusqu'à ce que le nombre de postes revienne à son niveau normal, aux côtés de tous ceux parmi vous qui voudront se mobiliser, avec les moyens qu'ils décideront ensemble de prendre.

Cette lutte doit continuer. Deux fois, le ministre nous a surpris en publiant un nombre de postes en baisse à quelques semaines des épreuves. Nous sommes décidés à ne plus nous laisser faire. C'est pourquoi la mobilisation pour que le nombre de postes revienne au niveau normal en 1999 doit commencer dès maintenant et se poursuivre à la rentrée L'UNEF Paris IV lance donc la campagne "Ecrivez à votre député". Puisqu'Allègre refuse de nous entendre, c'est sur les parlementaires qu'il faut faire pression. Nous demandons don à tous ceux qui se sentent concernés par ce problème de prendre la plume. Ci dessous, un modèle de lettre dont tu peux t'inspirer pour écrire soit au député de ta circonscription, soit à tous les députés de la majorité de ton département (Assemblée nationale, 126 rue de l'Université, 75007 PARIS).

Monsieur le Député,
Je suis étudiant(e) à Paris IV en année, filière et envisage de préparer le CAPES de ... l'Agrégation de ... / et prépare cette année le CAPES de .., l'Agrégation de ... Je souhaiterais, par cette lettre, attirer votre attention sur la baisse continue du nombre de postes mis aux concours du CAPES et de l'Agrégation. En janvier 1997, M. Bayrou avait provoqué la surprise et la colère des étudiants et des enseignants en annonçant à quelques semaines des écrits une baisse moyenne de 20 % de leur nombre. Le Parti Socialiste, qui est aujourd'hui le principal parti de la majorité, dans son progamme pour les dernières élections, s'était engagé à revenir sur cette baisse et, plus généralement, à accorder la priorité à l'Education nationale. Or, en février 1998, M. Allègre a publié un nombre de postes encore inférieur de 12% à celui de 1997. C'est un mauvais coup pour les candidats. C'est un très mauvais coup pour les lycéens présents et futurs: il ne semble pourtant pas qu'il y ait trop de professeurs en France. Je me permets donc de vous demander d'agir pour que le gouvernement respecte ses engagements sur ce point, et que le nombre de postes mis aux concours en 1999 soit au moins égal à celui de 1996.
 

Le numéro spécial CAPES-Agreg de Trait d'Union
(publié quatre mois plus tard, avec les chiffres depuis 1996)


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