Le Guide de l’étudiant de Paris IV 1998/99

Rapport Attali: danger !



Ce rapport, publié en mai dernier, avait été commandé par le gouvernement à M. Attali. Le sujet en était: comment adapter l'Université au nouveau contexte européen. Une particularité: il a été élaboré sans aucune consultation réelle ni des étudiants, ni des enseignants. M. Attali n'est pas réputé avoir une très grande expérience de l'Université. Peu importe: ce Monsieur Je-sais-tout a jugé souverainement.

Il n'a pourtant pas fait preuve d'une grande imagination. De ce rapport, il ressort que la solution face au "nouveau" contexte, c'est de...  poursuivre et intensifier la politique menée par tous les gouvernements depuis des années, qui n'a fait qu'aggraver les problèmes, ce pourquoi nous n'avons cessé de la combattre. De loi Devaquet (1986) en réforme Jospin (1992), de rapport Laurent (1994) et Fauroux (1996) en réforme Bayrou, nous connaissons la chanson: désengagement budgétaire de l'Etat, diminution du contenu scientifique des enseignements (Ca coûte cher et, de leur point de vue, ça ne sert à rien), aggravation de la sélections sociale, professionnalisation à courte vue qui veut mettre la fac aux mains du patronat, stages sous-payés à la place des études.

Seule la musique change un peu. Attali insiste sur la nécessité de rapprocher grandes écoles et universités. Ca a l'air d'une bonne idée, sympa, généreuse, anti-élitiste... Pas du tout. Il part d'un vieux préjugé: les écoles c'est bien, l'université c'est mal. Les rapprocher, ça veut dire obliger les facs à singer les grandes écoles. Ce n'est pas notre avis. Les écoles donnent une formation professionnelle, pour les meilleures de très haut niveau, l'Université une formation théorique: ce sont deux types d'enseignement supérieur différents, qu'il importe de maintenir car chacune a sa valeur et son utilité. Il faut se méfier d'un mirage dangereux: le succès des très grandes écoles (X, HEC...) tient d'abord à la sélection très dure à leur entrée, ensuite aux moyens consacrés à chaque étudiant. Si on suit Attali, on ne fera pas des facs autant de Polytechnique: on en fera des grandes écoles au rabais, ne donnant plus de formation théorique, mais pas non plus de formation professionnelle valable.

Autre idée qui semble neuve, le fameux "3-5-8" selon lequel devraient être recomposés les cycles universitaires (trois ans d'initiation, deux de découverte de la recherche, trois de recherche). C'est au mieux un gadget: cette foi dans la magie des chiffres laisse sceptique. C'est un gadget lourd de menaces pour la cohérence et le contenu de nos études: phase préliminaire étirée sur trois ans (Attali a déjà dit que ça correspondrait eu DEUG que "beaucoup d'étudiants font déjà en trois ans. C'est ce qui s'appelle améliorer la qualité de nos études !), disparition de la spécificité de l'année de licence... Et bien évidemment, ces 3-5-8 seraient entrecoupés de nombreux stages en entreprise laissant peu de place aux études (donc il faudra 3 ans pour faire ce qu'on faisait en deux ans: c'est logique) Bref, ce rapport (qui n'a pas force de loi, bien sûr, mais dont Allègre a déjà dit qu'il allait s'en inspirer) fait craindre une réforme aggravant encore la réforme Bayrou. Une bonne raison de te syndiquer à l'UNEF pour défendre la qualité de nos études et gagner les moyens d'étudier !


Retour au sommaire du Guide de l’Etudiant


Retour à la page «En lutte contre Allègre et Attali»

Retour à la page d'accueil