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Semestrialisation : chronique d'un désastre annoncé
(l'exemple de Paris IV Sorbonne)

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"L'ouragan Bayrou-Allègre arrive sur Paris IV", titrions nous notre article sur la semestrialisation dans le Guide l'an passé. L'Université s'apprêtait alors à appliquer la semestrialisation prévue par la réforme lancée par Bayrou en février 97, reprise par Allègre telle quelle (toujours d'accord, ces deux là), malgré l'opposition des enseignants et de l'UNEF (qui est devenue majoritaire aux élections en faisant campagne contre)
Ça n'a pas raté: le désastre annoncé a eu lieu, même si nous avons pu le limiter sur certains points.

La semestrialisation: un moyen pour casser nos études

La semestrialisation semble une mesure technique sans grande portée. Au lieu d'avoir, par exemple, six modules sur l'année, avec trois heures de cours par semaine, on en a trois au premier semestre, trois au deuxième, avec six heures par semaine. Rien de changé, à première vue. Ceux qui la défendent n'ont d'ailleurs pas beaucoup d'arguments. Le principal est que "C'est comme ça partout ailleurs en Europe". Magnifique ! Mais si on regardait plutôt les conséquences que ça a, partout où ça existe ?

En effet, au deuxième coup d'œil, la semestrialisation a des effets catastrophiques:
¨Deux heures par semaine jusqu'en janvier, ça n'équivaut pas à une heure jusqu'en juin. Le temps pour assimiler, prendre du recul par rapport au cours, s'approprier les connaissances, est deux fois moindre. Au lieu d'étudier parallèlement les différents aspects d'une matière (en histoire, les quatre périodes; en français, les différents siècles…) on se bourre le crâne successivement avec deux ou trois d'entre eux. Ce n'est pas la même approche ! Ca s'apelle du bachotage, pas des études!
Elle pose un problème pratique: deux fois plus de sessions d'examens ! (un casse-tête pour l'administration) En effet, les terminaux du premier semestre ont lieu en janvier, à l'époque qui était celle des partiels. Ceux-ci ont été supprimés, ce qui veut dire que nous n'avons souvent plus qu'un seul exercice écrit par module au lieu de deux. Quoi qu'en disent ceux qui nous prêchent la "méthodologie" (sans jamais nous dire en quoi elle pourrait consister), le seul moyen connu d'apprendre à faire des dissertations, des commentaires et des versions, c'est d'en faire.
Elle menace plus gravement encore tous ceux ­il y en a, malheureusement­ qui n'ont pas les moyens d'être étudiants à plein temps. C'est le système même de l'examen terminal qui est remis en cause. On pouvait, avant, travailler à plein temps toute l'année et consacrer le mois de juin aux exams. Maintenant, les étudiants salariés doivent passer les examens de janvier: le principe même de l&146;examen final est ainsi remis en cause.

De plus, la semestrialisation ouvre la porte à toutes sortes d'attaques:
Contre la session de septembre. Elle est maintenue encore cette année: c'est une grande victoire de l'UNEF (et, il faut le dire, de l'UNEF seule). Mais pour combien de temps ? La logique de la semestrialisation implique sa suppression: de nombreuses facs l'ont déjà fait. Il n'est d'ailleurs pas évident de repasser en septembre des modules sur des sujets dont nous n'avons pas entendu parler depuis janvier. Pour tous les partisans de la réforme, une solution simple s'impose: plus de session de rattrapage, ou une deuxième session juste après la première, qui ne donne aucune chance de faire de nouvelles révisions pour se mettre à niveau. Coup dur pour tous les étudiants, et en particulier pour les étudiants salariés.

Enfin, derrière cette application forcée de la réforme Bayrou se profilent la réforme Allègre et la soumission des facs aux entreprises privées. En cassant l'année universitaire, on ouvre la possibilité de l'alternance un semestre de cours / un semestre de stage. La démission d'Allègre n'a certes pas fin à ce projet, commun à tous les ministres qui se sont succédés ces dernières années.

Son application à Paris IV

À Paris IV cette année encore, nous avons réussi à éviter la généralisation de la semestrialisation des enseignements (car elle fait quand même sont apparition dans plusieurs UFR, les études Slaves ou l'Anglais, par exemple). On évite donc pour le moment l&146;inconvénient numéro 1. Les anciens modules annuels sont divisés en deux E-Csemestriels, regroupés deux par deux en UE semetrielles. Ca ne contribue à simplifier le système, mais ça préserve l&146;essentiel.
Nous avons, contre la volonté initiale des profs, obtenu le maintien de la capitalisation par demi-modules (E-C) et non seulement par UE (voir l'article sur les examens).

En revanche, pour ce qui est des examens, le désastre a eu lieu. Ils sont semestrialisés, avec des inconvénients variables suivant les UFR. Quand il s&146;agit d&146;UE " hétérogènes ", on garde le même nombre d&146;épreuves écrites en janvier et en juin (mais leur durée est souvent remise en cause: certains des exams de ne dureront que deux heures au lieu de quatre. Cela remet en cause leur sérieux, en particulier pour les dissertations). Pour les UE " homogènes ", c&146;est bien pire: il y aa deux fois moins d&146;épreuves.

D'autre part, dans certaines UFR, le contrôle continu ( devenu obligatoire) ressemble de plus en plus à du foutage de gueule. L'examen semestriel est complété par des "évaluations" en TD qui sont parfois assez consternantes : commentaire de texte en une heure, mini test d'une demi-heure : ça n'évalue pas grand chose et se résume à un concours de "la plume la plus rapide à l'Ouest du Pécos"!. En plus, ça pompe sur les heures de cours...bientôt, nous serons plus souvent en "évaluation" qu'en train d'apprendre quelque chose! Qu'on nous explique, où est la logique pédagogique là-dedans ?

Les examens ont deux fonctions. La première, la plus évidente, celle qui à juste titre nous préoccupe le plus, est de sanctionner un niveau d'études atteint en décernant un diplôme. Cela suppose des épreuves permettant de mesurer ce niveau, suffisamment longues et suffisamment générales, et définie avec suffisamment de clarté pour que la part du hasard y soit aussi limitée que possible.
La deuxième, tout aussi importante, est une fonction de formation, complément indispensable de celle que donnent les cours. Quoi qu'en disent ceux qui nous prêchent la méthodologie sans nous dire en quoi elle pourrait consister, la seule façon d'apprendre à faire des dissertations, des commentaires, des versions et des thèmes est d'en faire. Nous n'avons guère d'autre occasion que les exams d'en faire en temps limité. Cela implique que les épreuves soient en nombre suffisant, et que des corrigés clairs en soient donnés, pour permettre une progression d'une session sur l'autre.

Sur ces deux point, nous assistons avec l'application de la réforme Bayrou-Allègre à une régression sans précédent à Paris IV.
Ce désastre qui a deux causes différentes. La première est la réforme elle-même, qui n'a d'autre but que de casser nos études. Nous devons continuer à exiger son abrogation, mais Paris IV est obligée de l'appliquer. Mais sur les autres points, les profs se sont trouvés d'accord avec nous pour limiter les dégâts à Paris IV. Pas sur celui-ci, malgré nos efforts en ce sens. Nous devons constater, et c'est le deuxième point, que certains d'entre eux ont vu dans cette réforme qu'ils condamnaient par ailleurs une occasion de réduire le nombre de copies qu'ils ont à corriger, aux dépens du sérieux des examens. Nous ne pouvons l'accepter. Nous comprenons que nos profs, déjà surchargés, refusent d'avoir plus de copies à corriger. Mais il n'est pas acceptable qu'ils prennent prétexte de la réforme pour diminuer leur nombre.
Il est vrai que la semestrialisation a des conséquences désastreuses sur la cohérence de l'année universitaire, ce pourquoi nous continuerons de la dénoncer. Il est faux qu'en créant une session supplémentaire en janvier, elle justifie la réduction du nombre et de la durée des épreuves: cette session existait de fait auparavant, puisque deux semaines étaient consacrées aux partiels. Il est en revanche vrai que le problème se pose pour septembre (au ministère, on l'a déjà résolu en prévoyant la suppression de cette session. Nous avons obtenu son maintien à Paris IV): nous sommes donc favorables à un regroupement des épreuves avec tirage au sort pour cette session, mais pour elle seulement.
Notre position est simple: qu'après la réforme chacun de nous ait autant d'épreuves à passer qu'avant, de la même durée, dans les mêmes conditions.

, L'UNEF a obtenu: le maintien sur un an de la plupart des enseignements, le maintien de la capitalisation des UE, de la compensation des UE entre elles, et des modules à l'intérieur des UE, ainsi que le maintien du passage conditionnel. Et, grâce à nos éluset à la mobilisation de tous, la conservation des notes par modules, non seulement d'une session à une autre, mais aussi d'une année sur l'autre. Attention cependant, rien est acquis et nous devons rester vigilants.
0 L&146;UNEF demande: la fin de la semestrialisation. Cette décision dépend du gouvernement. En attendant, à Paris IV, pour en limiter les effets, une clarification d&146;un système qui devient de plus en plus compliqué, ele retourà un véritable contrôle terminal pour les salariés (pas d'épreuve obligatoire en janvier), le retour dans tous les UFR à un nombre d'épreuves égal à ce qu'il était avant la réforme, avec la même durée, le retour à des critères plus souples pour le passage conditionnel.
b L'UNEF peut t'aider: dans ce véritable maquis, tu peux te retrouver dans une situation aberrante, victime d&146;un défaut du système. Nous pouvons t&146;aider à présenter une demande de dérogation, et l&146;appuyer auprès du directeur d&146;UFR ou du président de l&146;Université.
D'autre part, nos élus d'UFR luttent contre la semestrialisation des enseignements et restent vigilants face aux "évaluations-minute". Préviens-nous si tu en es victime, nous ne sommes pas toujours présents dans tous les groupes de TD et ne pouvons intervenir que si nous somes informés.

C'est le moment de nous mobiliser pour gagner son abolition

Au printemps 2000, un rapport officiel se rangeait à notre avis et préconnisait l'abrogation de cette réforme pour les filières de lettres et sciences humaines (celles de Paris IV) ou bien, surprise du chef, une SEMESTRIALISATION COMPLETE avec possibilité de redoubler son semestre. Ce serait la mort de la session de septembre, et de beaucoup d'autres choses, le triomphe du bachotage. "La semestrialisation est un désastre ? La solution est: encore et toujours plus de semestrialisation."
Nous devons faire entendre notre voix pour que soit choisie la première solution: l'abolition de la semestrialisation. À l'UNEF, nous sommes détemrinés à agir pour cela dès la rentrée. Mais seule la mobilisation de tous peut forcer Lang à revenir sur cet aspect nocif entre tous de l'œuvre de son peu regretté prédécesseur.