L'Aide Sociale :
Bourses ou Allocations d'Etudes ?

 

Aujourd'hui, en France, 15% des étudiants sont boursiers, 35% travaillent pour financer leurs études, soit près de 700.000. Il existe de plus un énorme fossé budgétaire entre les étudiants bénéficiant des bourses et ceux qui n'en bénéficient pas, mais restant aux limites des critères d'attribution. Ce constat est suffisant pour mettre en cause le système actuel de l'aide sociale.
En travaillant l'été, l'étudiant boursier croit pouvoir améliorer son quotidien. Mais quelle n'est pas sa surprise, lorsque, ayant déclaré son salaire sur la feuille d'imposition de ses parents, il apprend que ses revenus, cumulés à ceux de ces derniers dépassent le plafond des bourses. Non seulement l'étudiant ne bénéficie plus des bourses, mais il doit en plus payer les frais d'inscription et de Sécurité Sociale. L'impact est important et cette situation intolérable.
Les syndicats étudiants ont réussi à obtenir le maintient des bourses en cas de redoublement et la mise en place d'un nouvel échelon boursier , le niveau zéro : celui-ci ne permet pas l'obtention d'une aide financière mais exonère tout de même l'étudiant des droits d'inscription et des frais de scolarité. Cette dernière mesure concernait 30.000 d'entre-vous en cette rentrée 1999.
Aujourd'hui, 2 points de vue s'opposent :
- L'UNEF-ID demande la mise en place " d'allocations d'études ". Ce système permettrait à tous les étudiants de bénéficier d'une aide de l'Etat afin d'aller vers l'autonomie des étudiants. Or il apparaît qu'un étudiant a besoin de 3.500 à 4.000F/mois pour être totalement indépendant (logement , nourriture, vêtements, fournitures scolaires, transport,…). Ceci représenterait dans le meilleur des cas pas moins de 7.7 milliards de francs à dégager d'un budget de l'enseignement supérieur qui ne s'élève qu'à 52 milliards pour l'année 2000 !
Alors que ces allocations peuvent paraître comme égalitaires, puisque tout le monde en bénéficiera, c'est en réalité une véritable injustice sociale. Les critères sociaux n'étant pas pris en compte, il n'y aura aucune différence entre un étudiant qui n'est pas aidé par ses parents et un autre dont les parents auront les moyens financiers d'intervenir dans sa scolarité.
- Cette situation est-elle envisageable ? L'UNEF ne le pense pas, et bien qu'en accord sur le principe (autonomie des étudiants), nous pensons que la priorité est aujourd'hui l'aide aux étudiants en situation financière difficile. C'est pourquoi nous revendiquons une augmentation du nombre des bourses allouées (passage de 15 à 35%) ainsi qu'une révision du barème d'attribution de celles-ci. Ces objectifs, déjà considérés comme ambitieux, devraient pouvoir engendrer une diminution du salariat étudiant.

"L'Insalien" - Décembre 1999