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[discussions] Le nom UNEF, suite

Posté par Emmanuel Lyasse le 7/10.

piece jointe : TEXT/HTML
Suite à mon message sur les raisons de conserver le nom UNEF, j'ai eu un
échange avec nathan sur le forum de Luttes étudiantes
(http://www.seul.asso.fr, publicité gratuite).
Il me semble utile de le publier aussi sur celui-ci


De: Balsan-Duverneuil Nathan
 Date:  Vendredi 06 octobre 2000 à 02:13:05
 Objet:  Avec du vieux, on ne construit que... du vieux !
Emmanuel, j'ai la désagréable impression que tu n'as pas compris les raison
profonde de la polémique actuelle au sujet du "nom".
 C'est une polémique idiote puisque mal comprise. Il ne s'agit pas, pour le
SEUL notamment, de rentrer en guerre pour des affaires
 de sigles.
 Pour tout dire, le nom, c'est une discussion de second couteau. Le vrai
problème est le suivant :
 COMMENT, QUALITATIVEMENT, UNE UNION DE SYNDICATS LOCAUX DEVIENT ELLE UNE
ORGANISATION SYNDICALE
 NATIONALE ?
 Faut-il cinq AGE, dix, cinquante ? Faut il cinq cent, cinq mille, cinquante
mille adhérents ? Faut-il un budget de 100.000 francs, un million, dix
millions ? Faut-il avoir dix élus, cent, mille ?

 Ca c'est de la comptabilité. Ce qui fait qu'une union d'AGE devient une
organisation syndicale nationale c'est qu'elle allie 2 qualités :
 - être reconnue par les étudiants à l'échelle nationale (lorsque la
quantité se transforme en qualité)
 - être capable, par son ampleur nationale, d'impulser des luttes sur tout
le territoire (lorsque la qualité se transforme en quantité).

 IL EN RESSORT DEUX INTERROGATIONS :
 - l'UNEF est-elle aujourd'hui reconnue comme organisation syndicale
nationale par les étudiants ?
 - l'UNEF est-elle capable d'impulser des luttes à l'échelle nationale.

 A ces deux questions on est bien obligé de répondre non. A part dans les
dix facs où les AGE "ex-oppo" existent encore, les  étudiants ne se
rappellent pas ce qu'est l'UNEF. Et bien sûr, il est inutile de dire que
l'UNEf n'est plus capable d'impulser des luttes  depuis de longues années.

 Vous avez donc réussi à reprendre le nom UNEF. Très bien. Et alors ? Comme
nous le postulions au cours des intersyndicales de  Limoges (1998) et
Toulouse (1999) : "vous avez gagné une coquille vide qui va plus vous
freiner que vous aider".
 Vous allez être obligé d'entrer en guerre juridique pour le nom, pour
restructurer, pour restatufier, pour ne pas vous aliéner les  anciens UNEF
partis ailleurs, pour regagner la confiance des étudiants là où vous n'êtes
pas... Bref, vous allez reconstruire une organisation dont le but entier
sera d'assurer sa propre sauvegarde.

 AU MOMENT OU NOUS AVONS BESOIN D'UN SYNDICAT D'AMPLEUR NATIONALE POUR
LUTTER CONTRE LES PUTAINS DE REFORMES QUI REMETTENT EN CAUSE L'IDEE MEME DE
SERVICE PUBLIC.

 C'est la raison pour laquelle nous plaidons depuis des années pour la
reconstruction d'une structure neuve, sans tache, qui permet  à tous les
syndicats partis de l'UNEF et de l'UNEF-ID de se rejoindre sans qu'il y ait
du chauvinisme d'organisation, qui marque un  grand coup en disant "c'est
fini des magouilles d'hier, on se donne les moyens que ça change", sur des
bases revues et rediscutées, sur des statuts qui empêche la
surbureaucratisation etc...

 C'est ça le problème du nom.

 Quant à la "sentimentalité" que vous éprouvez pour l'UNEF, voilà, quoi que
tu en pense, la pire chose pour l'avenir des luttes.
 Emmanuel, moi je ne suis pas arrivé dans une organisation qui existait
depuis 80 ans, mon organisation je l'ai fondée. Autant te dire que j'y ai
beaucoup d'attaches sentimentales. Pourtant, je ne fais aucune obstruction
(bien au contraire) à ce que le SEUL devienne la  FSE Montpellier.
 Parce que c'est nécessaire.

 Amitiés à tous les militants
 Nathan

 PS : le SEUL n'est pas né d'une scission de l'UNEF comme tu l'affirmes,
mais d'une scission de l'UNEF-ID.

Emmanuel Lyasse
Date: Vendredi 06 octobre 2000 à 10:44:11
 Objet:  A coté de la question
Je pensais pourtant avoir été clair. Pas assez, apparemment.
 Tout ce que tu me racontes je le sais, et je l'approuve largement.
 A un détail près: je pense qu'une organisation nationale se construit,
 AGE par AGE, et ne se décrète pas.
 Ce n'est et ce ne peut-être qu'une fédération d'AGE. Elle peut être
qualifiée de véritablement nationale quand une masse critique  est atteinte.
 Mais c'est un détail...
 Pour le reste, mon argumentation portait sur le nom de l'organisation à
construire.
 L'UNEF Pailleron ne représente plus rien  nationalement.
 Et alors ? Ai-je jamais dit le contraire ?
 Ce n'est pas de celle-là qu'il s'agit.
 Le nom UNEF, tu le sais aussi bien que moi, n'appartient à personne. (Tu
sais donc très bien qu'il n'y aura pas de bataille judiciaire. Pourquoi dire
le contraire ?)
 Le fait que nous ayons été majoritaires au dernier CN n'apporte pas
grand-chose sur ce point d'ailleurs: même minoritaires, nous aurions pu
continuer à le revendiquer.
 Je persiste à croire que ce serait une erreur de le leur laisser. On
construit en s'inscrivant dans une histoire. Réduire celle que porte le nom
UNEF à l'UNEF Pailleron est aberrant, et tout à fait paradoxal dans ton cas.
 J'aimerais bien avoir en tout cas des réponses à mes arguments, et non un
cours réchauffé d'une autre période.

 PS: je ne crois pas avoir jamais écrit que le SEUL était une scission de
l'UNEF. Si je l'ai fait, ce ne peut être qu'une faute de
 frappe, dont je serais navré.

 Balsan-Duverneuil Nathan
 Date: Vendredi 06 octobre 2000 à 14:48:12
 Objet:  Argument inopérant
Emmanuel, tu indique en substance que le nom UNEf transcende l'UNEF
Pailleron. Qu'il a une histoire etc.
 Cet argument est exactement le même que si tu me disait que le nom PS
transcende la "gauche plurielle", l'ère miterrandienne etc.
 Ce serait tout aussi faux.
 L'UNEF, comme le PS, ont des histoires importantes pour la classe ouvrière
et étudiante et ont, en leur temps, représenté quelque
 chose. Pour un "vieux" de quarante ans, ou pour un historien du
syndicalisme étudiant, l'UNEF est un symbole. Pour un vieux
 militant socialiste, le PS c'est Jaurès, bien devant Jospin.

 Cependant, on ne cherche pas à organiser des historiens du syndicalisme, ou
des quadragénaire.
 On s'adresse à des étudiants, qui ont pour leur majorité entre 18 et 25
ans. Qui n'ont pas fait 68, qui ne se sont pas battus avec
 ou contre le CEREQ, qui n'ont pas manifesté contre la guerre d'Algérie, qui
n'ont pas connu Marie-Pierre Vieu et pour lequel, que tu
 le veuille ou non le nom UNEF n'est que le reflet d'une époque.
 Au mieux, pour eux, UNEF signifie UNEF Pailleron, mais dans la majorité des
cas ils font la confusion avec l'UNEF-ID. Confusion
 entretenue par ces derniers d'ailleurs.

 C'est pas génial, mais c'est comme ça.

 Bien sûr, les étudiants de Paris IV ou d'Evry n'ont peut être pas cette
opinion, mais dans combien de facs l'UNEF veut-elle encore
 dire quelque chose ?

 Raison pour laquelle personne ne dit que Paris IV ou Evry doit abandonner
le nom UNEF. Cependant, le nom national ne doit pas
 être celui-là. En tout cas, des tas de sections le refuseront. Ce qui n'est
pas le but de la discussion actuelle.

 Tu as raison, enfin, sur la FSE Montpellier. Le SEUL s'appellera sans doute
pendant un an ou deux SEUL-FSE. Mais le deuxième
 nom prendra peu à peu le devant, le SEUL disparaissant doucement.

Emmanuel Lyasse
Objet: Nous finirons bien par nous comprendre

J'aime mieux ces arguments là que les précédents.
Je pourrais te répondre beaucoup de choses sur le PS. Ce serait long, et ne
ferait guère avancer notre débat. Une autre fois peut-être.
Je m'en tiendrais donc à te faire observer que le nom du PS évoque
aujourd'hui chez tout le monde en premier lieu Jospin, chef d'un gouvernment
d'affameur, de voleurs et d'assassins. Tu ne feras croire à personne qu'il y
ait beaucoup de gens qui quand on leur dit UNEF pensent spontanément à
Karine Delpas, ni à Marie-Pierre Vieu, ni à Bob Ingey ni à Olivier Meier.
Peut-être quelques militants, chez qui c'est lié à un traumatisme subi à la
fin de l'enfanceŠ
Le mot UNEF évoque, que tu le veuilles ou non, chez beaucoup, l'idée même de
syndicalisme étudiant, dans la mesure où tout se qui s'en est réclamé
durablement l'a utilisé., l'UNEF-ID par exemple.
C'est ça, le fait essentiel. je ne suis certes pas de ceux qui s'accrochent
à une histoire mythifiée (il y aurait beaucoup de choses à dire sur
l'attitude de l'UNEF d'alors pendant la guerre d'Algérie, qui ne seraient
pas toutes à sa gloire). C'est pourquoi je suis convaincu qu'en laisser le
monopole aux imposteurs d'en face serait nous placer nous-mêmes en position
marginale.
Je crois que sur ce point, notre désaccord est absolument irréductible.
Tu me dis que "des tas de sections le refuseront". Je ne l'ai jamais nié (cf
mon premier message), ni n'ai songé à contester la légitimité d'un tel
refus. Le problème que je posais est que beaucoup d'autres syndicats ne
voudront pas entendre parler de l'abandonner.
Il s'agit donc de trouver une formule qui permette de réaliser l'unité
malgré ce désaccord, en étant conscients que personne n'imposera son point
de vue à l'autre, et que si on en fait un cas de rupture, on arrivera qu'à
faire deux groupuscules bien en-dessous de la masse critique qui fait une
organisation nationale crédible.
EL