[discussions] Des (bonnes) raisons de garder le nom UNEF et des voies de l'unite
Posté par Emmanuel Lyasse le 5/10.
piece jointe : TEXT/HTML
Guillaume, entre autres questions auxquelles j'ai répondu par ailleurs, pose
celle de notre obstination à conserver le nom UNEF. Je crois qu'il est utile
de s'y attarder, parce que c'est aujourd'hui la seule divergence réelle
entre tous ceux -il y en a- qui veulent construire une nouvelle organisation
syndicale alternative à la "grande UNEF" antisyndicale que l'U-ID prétend
proclamer.
Cette divergence n'est certes pas une surprise. Nous l'avons constatée avec
les camarades du SEUL dès le soir où nous avons entrepris de monter la liste
de rassemblement syndical pour le CNESER. Nous avions alors conclu, avec
raison, que ce n'était pas le moment de poser cette question. Ce moment est
aujourd'hui venu, et c'est d'autant plus nécessaire que ça devrait éviter de
se focaliser sur de fausses questions qui ne peuvent que creuser des fossés
idiots entre nous.
Il serait tout à fait idiot de nier qu'il y a chez nous ce que Guillaume
appelle des "raisons sentimentales" à garder le nom UNEF. C'est un fait. Je
crois que c'est un fait aussi que les raisons de ceux qui ne veulent pas en
entendre parler sont également en partie sentimentales, et qu'il serait sage
aux uns et aux autres de mettre cet aspect entre parenthèses.
Il y a surtout des raisons d'ordres tactique, stratégique et théorique.
Raison tactique: on n'abandonne pas une position qu'on a conquise de haute
lutte, et dans laquelle on est solidement retranché. Le combat pour le
renouveau du syndicalisme étudiant passe par la lutte contre la prétention
de l'U-ID à être seul représentant des étudiants de France (c'était la ligne
directrice du texte commun Paris IV Paris I Evry de mai). Leur "grande
UNEF" est pour eux un aboutissement: c'est évidemment pour cela, et pour
cela seulement, qu'ils se sont mis en frais pour acheter à un prix très bas,
mais bien supérieur à ce qu'ils valaient, une poignée de bureaucrates
décomposés. Ayant pris la majorité dans l'UNEF, nous sommes une jolie épine
dans leur pied. Renoncer et leur laisser le monopole du nom, c'est la leur
ôter. Je ne suis pas pour.
Raison stratégique: localement, dans nos facs, nous sommes connus et
respectés en tant qu'UNEF. J'entends les arguments de camarades sur le
discrédit de l'UNEF, qui correspondent sans doute à leur expérience, mais
non à la mienne. Les étudiants de Paris IV connaissent l'UNEF, le syndicat
qui défend les étudiants contre l'UNEF-ID et la réforme Bayrou, ils ne
savent rien des dérives, des renoncements et des trahisons de son
ex-direction nationale.
Changer de nom demanderait un travail d'explication qui serait au mieux une
perte de temps et d'énergie, et nous laisserait forcément quelques pertes.
Evidemment, il y aura un travail à faire quand même quand l'Ennemi se
pointera en disant "Nous sommes l'UNEF réunifiée" pour dire "Mais non,
l'UNEF c'est nous". Ce ne sera pas évident. Nous avons déjà commencé à
préparer le terrain (cf notre matériel de propagande sur notre site
http://paris4.unef.org)
Mais ce serait encore plus difficile de dire "Nous le SEUL, la FSE, SE,
l'ASL ou autre chose, c'est nous qui étions l'UNEF avant et ceux qui sont
l'UNEF maintenant, ce sont ceux qui avant étaient l'UNEF-ID le syndicat qui
vend des sandwiches aux étudiants et les étudiants au ministre".
Or il serait impossible de rester l'UNEF Paris IV sans appartenir à une
organisation qui se revendique comme Union NATIONALE des Etudiants de
France.
Raison théorique: le nom UNEF est porteur d'une longue histoire à laquelle
je crois que nous aurions tort de renoncer, parce que c'est en cela qu'il
dit quelque chose aux étudiants. C'est un fait que toutes les tentatives de
créer quelque chose de national qui ne s'en réclame pas, MARC, MAS, PSA et
plus récemment SUD, ont fait long feu. Il est un peu tôt pour juger SE, mais
on peut au moins dire que ce n'est pas encore un succès. Les deux seules qui
aient survécu sont celles qui ont eu l'astuce de revendiquer le nom UNEF et
la référence à l'ancienne UNEF, une référence qui n'était évidente ni pour
l'UNEF Renouveau, ni pour l'odieux groupuscule qui s'est opposé à elle.
Je crois que nous avons tout intérêt à nous inscrire dans cette histoire
contrastée, en en revendiquant ce qu'il y a eu de meilleur, plutôt que nous
lancer dans la culture sans sol.
Voilà les trois raisons qui me paraissent décisives, et nous ont conduit à
lutter pour rester dans l'UNEF jusqu'à notre victoire au dernier CN.
Je sais que tous les camarades qui ont la même conception du syndicalisme
étudiant que nous ne les partagerons pas, pour des raisons dont beaucoup
sont légitimes, liées à des conditions locales autres que les nôtres.
personne parmi nous ne songe à excommunier ces camarades et à les rejeter
dans les ténèbres extérieures au syndicalisme étudiant.
Si personne ne convainc l'autre, ce qui paraît probable, l'objectif doit
donc être de trouver une formule dans laquelle tous pourraient se
reconnaître. Elle semble évidente: que l'UNEF qui se reconstruit et
l'organisation qui est en train de se construire engage dès maintenant un
dialogue conduisant immédiatement à l'unité d'action et à terme dans une
fusion qui unirait leur deux noms.
C'est pourquoi je souhaite, et sais n'être pas le seul, qu'une délégation
non de telle ou telle AGE mais de la majorité qui est en train de
reconstruire l'UNEF soit invitée à la réunion qui aura lieu à Caen les 14 et
15, et qu'une délégation de l'organisation qui sortira de cette réunion soit
présente à l'Assemblée générale extraordinaire des AGE de l'UNEF à la fin du
mois.
Je l'ai déjà écrit: l'unité entre nous tous sera facile, parce que, s'il y a
beaucoup de façons de ne pas faire de syndicalisme, il n'y en a qu'une de
faire du syndicalisme. Ne pas la faire serait, plus qu'une erreur, une
trahison.
EL