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[discussions] La proie & l'ombre (ou l'inverse)

Posté par Vincent CHARBONNIER le 15/6.

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     « Et cependant, il níy a pas lieu díéviter líabstraction si
     elle a une portée pratique. Au risque de décevoir ceux qui
     veulent líaction tout de suite, et seulement líaction, on ne
     leur épargnera aucune considération intellectuelle. »

                          Henri Lefebvre, Le Manifeste différentialiste
                                          Paris : Gallimard, 1970, p. 53

Je dois dire ici mon effarement devant l'indigence des réponses de
certains camarades aux différentes contributions qui alimentent la
présente liste de discussion. Ainsi, Stéphane (Paturey) qui me, nous
répond -via la liste de discussion-, qu'il faut cesser de "blablater"
(ce sont ces termes) et qu'il faut agir. Outre le fait qu'on a connu ces
camarades beaucoup plus diserts, ce genre de réponses zappées atteste
bien de la crainte que j'exprimais au sujet de la culture démocratique
au sein de l'UNEF, particulièrement les camarades qui doivent assurer le
malheureux service après-vente d'une unification avec ou sans re,
manifestement impréparée, ce qui la rend d'autant plus pitoyable et en
déconsidère chaque jour un peu plus l'intérêt etr la crédibilité. N'est
pas Darty qui veut - personnellement je préfère celui de la CAMIF. Bref,
ce genre de réponse me fait douloureusement penser à ce dessin satirique
paru dans un journal américain après l'invasion de la Grenade par les
GI's de Reagan en 1983, où l'on voyait un brave djaïe sur un monceau de
cadavres leur annoncer fièrement : « On tire d'abord et on discute après
» Dois-je alors comprendre que certains camarades du BN sont du même
avis : on re/uni-fie d'abord et après on discute ? (C'est une question)

Cette fameuse phrase du philosophe Henri Lefebvre, écrite aux alentours
de 1970, période assez agitée, verbalement tout du moins, me permet de
faire le lien, avec une autre remarque relative à la question de
l'hégémonie. J'avais à ce propos, voici quelques semaines, sur cette
même liste, diffusé une contribution réclamant en substance une nouvelle
stratégie d'hégémonie en milieu étudiant qui, s'inspirant des
élaborations du philosophe et révolutionnaire italien Antonio Gramsci,
insistait sur la nécessité de re-conquérir le milieu étudiant, non tant
par des appareillages, que par la construction d'une hégémonie
culturelle sociale et syndicale, débouchant à terme dans la constitution
d'un "bloc historique syndical". Concrètement, il suffit de lire le très
intéressant article du Monde du mercredi 14 juin, en première page, sur
le Medef et les patrons qui est très instructif. Ensuite, il s'agit de
s'emparer des questions qui intéressent les étudiants au premier chef,
comme les examens, la transmission des savoirs, de ses modes, de ses
transformations possibles, etc. ("le pédagogique"). Pour aller à
l'essentiel et lancer surtout le débat, il est de la reponsabilité des
syndicats enseignants et étudiants, en collaboration, de lancer, le
débat sur une évaluation critique de la réforme Bayrou, qu'il ne s'agit
plus de dénoncer de façon rituellement incantatoire, comme cela se fait
ici ou là. Voila un cas pratique de réunification par le bas,
véritablement démocratique en somme.

Au passage, on pourra peut-être saisir en quoi la lutte contre la
réforme Bayrou n'était pas forcément une lutte syndicalement juste (au
double sens de justice et de justesse), dans la mesure où nombre
d'étudiants partagaient les attendus. Voila au moins deux débats
constructifs et syndicaux qu'il serait bon de mener collectivement, sans
exclusive, ni anathèmes, bref sans codex, avec les militants et
sympathisants de l'Unef-Id par exemple, qui ne sont pas moins étudiants
que ceux de l'UNEF. Si, si, c'est vrai, ils sont humains !!!!!!!

Une dernière remarque pour la route. Il est très frappant de constater
que nombre de participants à ce forum, soient pour beaucoup et je m'y
inclus, des anciens militants, qui n'arrivent pas à couper le cordon
avec l'UNEF (cf. les derniers messages de Paturey, Balsan-Duverneuil. On
pourrait y voir un signe de la confiscation des débats par une petite
minorité, mais personnellement, j'y vois surtout l'indice d'une réalité
trop souvent ignorée. Au fond, ceux qui écrivent sont ceux qui possèdent
un certain bagage militant et une expérience syndicale. Or, la question
se pose de la transmission de ces savoirs, de ces expériences, de ces
savoirs-faire. La solution ne consiste assurément pas à faire du
scoutisme syndical, où, autour d'un feu amical et fraternel, les anciens
racontent ce qu'ils virent et ce qu'ils firent (y compris les plus
inavouables). L'une des options possibles pourrait être précisément de
travailler, ensemble, camardes d'années, de filières, d'origines
socio-culturelles différentes, sur des questions qui concernent le
quotidien des étudiants, le leur comme le nôtre d'ailleurs (la
pédagogie, l'aide sociale, etc.).

Allez camarades, courons, le jeune monde vieillit vite autour de
nous!!!!!!!!!!!!

Vincent Charbonnier (Nantes)