[discussions] Interrogations...
Posté par Olivier Ruet le 16/6.
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Ce forum ressemble de plus en plus a une foire d'empoigne. Mais je suis désolé d'y constater malheureusement une absence quasi totale de fond syndical.
Le débat ne peut se résumer à une simple opposition maintien de l'UNEF contre réunification à marche forcée. Il serait peut-être temps de parler d'orientation syndicale.
Pour reprendre une expression usée, le syndicalisme étudiant est à la croisée des chemins. Sans vouloir être trop manichéen, une perspective claire se présente à nous, celle d'une organisation quasi monopolistique à vocation cogestionnaire plus proche de la FAGE ou de la vieille UNEF que d'une volonté de porter le syndicalisme dans son histoire et son rôle important dans la situation actuelle. Il serait peut-être temps de présenter une alternative à la liquidation du syndicalisme étudiant au niveau national.
Au sein de l'UNEF, la seule justification par rapport à la décision du CN du 3 juin, est : "plus nombreux, on est plus fort". Oui, mais pour faire quoi ?
La constitution de la liste commune UNEF/UNEF-ID/"Associations étudiantes" est un exemple de pur ridicule. La profession de foi est rédigée après la décision de mise en place de cette liste.
Mais, enfin, quelqu'un pourrait-il nous informer sur celle-ci ?
Le "rassemblement" se fait dans le cas présent sur la base de principes que tout le monde ignore.
Je tente donc de poser quelques questions aux représentants de cette liste qu'ils soient UNEF ou UNEF-ID (ce forum est régulièrement consulté par les membres du syndicat préféré de François Bayrou), en vrac :
- quels seront vos votes sur les licences professionnelles proposées par les universités, mais quelle est votre position globale sur cette question ?
- que pensez-vous des incubateurs d'entreprises ?
- quelle logique dégagez-vous du plan U3M ? Si vous l'acceptez, sur quels points est-ce que vous allez intervenir ?
- faites-vous un lien entre les orientations imposées par le MEN à l'enseignement supérieur et celles de l'UE et d'autres organismes supra-nationaux ? Si oui, pouvez-vous expliciter vos points de vue.
- petit dada caennais : la semestrialisation souhaitée par Allègre dès 1990 et généralisée François Bayrou s'avère désastreuse pour les étudiants, notamment en Lettres et Sciences Humaines, ne serait-il pas opportun de la remettre en cause ?
Petite précision à propos de ceci, car cela commence à devenir agaçant : l'université Paris VIII n'applique pas la réforme Bayrou. Ce centre est en effet sous un régime dérogatoire par rapport aux lois Faure (1969) et Savary (1984) qui régissent l'enseignement supérieur. Paris VIII nest absolument pas concernée par cette question.
Je m'excuse pour ces questions fastidieuses, je ne conçois pas le CNESER comme un club de discussions amicales où les étudiants viendraient y chanter "des millions de copains". Comme tous les élus, ils doivent rendre compte de leurs interventions et de leurs votes, surtout en cette période de bouleversement des services publics.
Quand à notre liste de rassemblement syndical, qui effraient apparemment certains, elle doit constituer la base d'une alternative nationale.
Contrairement au stratège Karel Yon, je pense le but de notre militantisme doit être d'aboutir à l'organisation des étudiants pour se défendre et lutter. Il est absolument inintéressant de passer son temps à essayer de convaincre quelques bureaucrates d'ouvrir les yeux et de faire du syndicalisme.
Dans la période récente les AGEs de l'UNEF-ID n'ont pas fait parler beaucoup d'elles dans l'opposition à la libéralisation de l'enseignement supérieur (à quelques notables exceptions, comme à Amiens).
C'est bien gentil les luttes internes, mais il faut à un moment ou à un autre passer à l'action.
Il ne faut pas se cacher la réalité. La direction de l'UNEF-ID accompagne clairement la politique du gouvernement et celle de l'UNEF ne dit plus rien (depuis longtemps).
Comme le rappellent les camarades de Lyon dans un motion, il serait peut-être temps que l'UNEF ait des revendications claires sur l'université, mais peut-être est-ce trop tard ?
La révolution pédagogique DU syndicat étudiant, c'est bien pour rigoler 5 minutes, mais il faut être sérieux de temps en temps.
L'enseignement supérieur est un service public laïque, un point c'est tout. C'est autour de ceci que nous devons bâtir notre réflexion, car c'est la base principielle d'une démocratisation de l'éducation.
L'avenir du mouvement étudiant ne peut, ni ne doit se résumer à une organisation qui regroupe tout et n'importe quoi (il n'y a qu'à déjà voir l'UNEF-ID). Si nous voulons qu'il existe encore une capacité de mobilisation chez les étudiants, il faut agir. Rejoindre cette réunification, c'est aller vers le confort et la facilité pour un résultat syndical nul.
Il ne peut y avoir de progrès social sans mobilisation réelle, une autre organisation est donc nécessaire. Celle-ci doit clairement refuser la cogestion et donc être réellement indépendante du gouvernement et des administrations au niveau local (exemples à Caen pour ceux que cela intéresse). L'élu étudiant est un représentant mandaté et doit donc rendre des comptes à ce titre (refus du mandat personnel). Le syndicat doit être mettre en avant l'organisation collective des luttes au niveau local et au niveau national.
Nous avons besoin d'un syndicat national capable d'être offensif et qui met en avant toutes les missions du syndicalisme.
L'UNEF-ID, dans sa grande majorité (je parle des dirigeants), est partie dans une voie où la règle est avant tout de faire son beurre en jouant au syndicaliste. L'UNEF a une direction qui tourne depuis (trop) longtemps à vide. Certains ont décidé de rejoindre les autres, qu'ils y aillent. Nous militants de l'UNEF devons être moteurs d'un tout autre rassemblement : ceux qui veulent militer comme des syndicalistes et cela s'adresse aux membres de tous les syndicats étudiants sans exception.
Une partie du mouvement syndical dérive actuellement, il faut cesser de le cautionner en le défendant voire en y participant. Le syndicat étudiant unique est une chimère, qui de plus est dangereuse dans le cas présent.
Que tous ceux qui veulent défendre les droits des étudiants, le service public, le progrès social contre le cauchemar libéral se rassemblent. Les étudiants, auxquels nous nous adressons, ne sont pas syndiqués.
La suite au prochain numéro.
OR