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[discussions] Re : [discussions] Une critique de l'orientation de l'Unef

Posté par BALSAN DUVERNEUIL le 3/5.

piece jointe : TEXT/HTML
Et pratiquement, tu propose quoi ? Quelle méthode ? Quel mode d'action ?
Quelle organisation, sous quelle forme, avec qui ? Et surtout, pour quoi
faire ?

La rédaction de Luttes étudiantes
http://www.seul.asso.fr



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De : "Joel Pascal" 
À : discussions@unef.org
Objet : [discussions] Une critique de l'orientation de l'Unef
Date : Jeu 4 mai 2000 3:55




(Merci de faire circuler le texte qui suit...
n'hésitez pas à recontacter
joeldelunefdorsay@yahoo.fr ou au 01.69.15.76.81
(fac) /01.64.91.25.47 (perso) )

Travailler à long terme
Une question de méthode pour construire une vraie
organisation.

Les résultats des dernières élections au Crous
soulignent avec cruauté les faiblesses de notre propre
organisation. Anarchie interne, manque de rigueur,
absence de suivi des dossiers, opacité décisionnelle
et structurelle, dilution des responsabilités, repli
identitaire, carriérisme, refus d¹admettre, de
reconnaître, d¹exposer et d¹assumer ses erreurs par un
orgueil mal placé (donc absence de transmission des
savoirs par l¹accumulation d¹expériences
personnelles), gestion à l¹aveugle, gâchis des
compétences, absence de dynamique collective, manque
de confiance et d¹ouverture envers soi-même comme
envers les autres.

Résultat ? 10 élus en moins sur les Crous, des
sections locales en perte de vitesse, des sections qui
peinent à se monter, des dossiers qui n¹avancent qu¹au
gré de l¹actualité et de la recherche impuissante
d¹une focalisation médiatiqueŠ Résultat ? Il y a un an
et demi, notre campagne sur les chaînes d¹inscription
était relayée par différentes radios. Aujourd¹hui,
c¹est pour annoncer la mise en redressement judiciaire
de la structure qui porte notre activité financière.
Résultat ? Une présidente et la numéro deux officieuse
peut-être plus attirées par une carrière politique,
entravant ainsi l¹essor, le développement et le bon
fonctionnement de notre organisation.

Pourtant, depuis deux ans, des pas importants ont été
faits vers la sortie du système syndical étudiant
actuel et vers la création d¹une nouvelle organisation
qui prenne en compte les nouvelles formes étudiantes
d¹engagement. Constatant l¹inorganisation des
étudiants, l¹UNEF a affirmé l¹importance d¹une remise
en question des pratiques syndicales étudiantes
habituelles (accent mis sur le fonctionnement par
secteur au niveau national etc.) et l¹importance
d¹associer à cette réflexion l¹ensemble des acteurs
divers et variés du milieu étudiant (en priorité, les
étudiants déjà organisésŠ contrairement à l¹UNEF ? ­
mais plus largement à l¹ensemble des étudiants). Nous
réaffirmons ici la vocation de l¹UNEF à s¹adresser et
à représenter l¹ensemble des étudiants. Non, l¹UNEF ne
doit pas être un groupe de copains ou un club de
groupuscules de gauche. Et qu¹on ne nous excommunie
pas en nous taxant d¹utopistes, si c¹est aussitôt pour
réclamer une révolution prolétarienneŠ

Certes, notre organisation part avec un handicap : le
système culturel et éducatif français laisse libre
cours au consumérisme, à la disparition de toute
pensée critique et de l¹imagination. Oui, l¹éducation
nationale ne crée pas des citoyens, oui, l¹éducation
nationale ne prépare pas à un métier, et oui
l¹éducation nationale n¹instruit pas les millions de
jeunes qui passent sous ses fourches caudines. Certes,
le contexte idéologique n¹y est pas non plus
spécialement favorable, ce qui exige de notre part un
effort profondément volontariste (c¹est-à-dire
politique).

Mais si depuis deux ans, l¹UNEF patine sur cette
question, si les déclarations d¹intention n¹ont jamais
été suivies d¹effets, n¹est-ce pas également dû à la
frilosité d¹un secrétariat national qui n¹a jamais osé
regarder les choses en face et poser les questions
clairement en dédramatisant, désacralisant et en
désinstrumentalisant la question essentielle de
l¹unité du mouvement étudiant ? Jamais la direction ne
s¹est impliquée dans le débat, n¹a donné ou imaginé la
moindre perspective qui aurait pu dynamiser les
activités de l¹UNEF. Les secteurs n¹ont jamais pris un
rythme de croisière, on peut les imaginer près d¹un
radiateur à se morfondre en regardant par les
fenêtres, la Fage ou Anima¹Fac n¹ont jamais été
rencontrées, et d¹ailleurs si on parlait d¹autre chose
?

La solution n¹est pas forcément dans la radicalisation
de nos revendications. Celles élaborées dans une
atmosphère particulièrement démocratique de respect
des opinions de chacun lors du dernier congrès ne
sont-elles pas ce que, fort normalement, l¹Union
Nationale doit statutairement exprimer et porter
auprès des pouvoirs publics ? Qu¹est-il besoin de
rajouter, dans l¹urgence, avant le congrès l¹an
prochain ? Une pseudo radicalisation ­ un changement
de secte à la recherche de la vérité absolue ? ­ n¹est
pas une bonne réponse, c¹est une imbécillité. Nous
savons tous qu¹un mot d¹ordre de grève général même
décidée en Assemblée Générale est une ânerie
monumentale à la gloire de la bêtise ambiante, si
l¹Assemblée en question n¹est pas représentative (un
délégué élu par chaque amphi, ou vote dans chaque
amphi avec une forte participation et l¹implication
d¹une majorité d¹étudiant etc.).

La solution n¹est pas seulement dans des réponses
techniques au problème de formation ou de transparence
à l¹intérieur de l¹organisation (quelles tunes sont
aujourd¹hui dépensées par l¹Union Nationale, et d¹où
viennent-elles ?). Etablir des comptes-rendus
systématiques des réunions, redéfinir les
responsabilités de chacun, faire un stageŠ d¹accord si
ce n¹est pas pour apprendre à foirer des élections au
Crous !

Ecouter les copains, maîtriser les dossiers, permettre
à tout le monde de les maîtriser, être attentif et
scrupuleux pour agir dans la seule direction qui
importe : la construction d¹une vraie organisation
étudiante. Voilà où est l¹urgence, la priorité des
priorités. La priorité n¹est pas à la masturbation
nationale autour d¹un étudiant licencié de chez Mac
Do, ce qui nous donnera peut-être bonne conscience :
la belle affaire ! Il faut mettre l¹action
individuelle au c¦ur de nos préoccupations dans une
démarche dynamique d¹action collective, recenser les
projets, récapituler les moyens et les méthodes,
informer et associer les copains, et plus largement
associer (³ associatif ² = agir avec) les étudiants à
ce que nous entreprenons. Veut-on continuer la
descente aux enfers ou plutôt continuer à glander dans
la joie (tout va bien tous ensemble !) au mépris des
intérêts du syndicalisme étudiant ?

Mais pour associer tout le monde, il faut en avoir la
volonté. La volonté d¹arrêter toutes les pratiques
fermées, méfiantes envers le reste de l¹organisation,
d¹éliminer les restes d¹autoritarismes ou qui
confinent à la manipulation, d¹arrêter les amicales,
les clubs et les copinages. Rigueur et transparence :
ce problème touche directement la vie de notre
organisation. A un problème politique doit répondre
une prise de conscience politique. Les réponses
techniques doivent découler logiquement de la solution
politique que nous choisirons ensemble. Transparence
et démocratie : deux revendications portées par le
mouvement de novembre-décembre 1995. Il serait temps
d¹y répondre.

Or on constate une dichotomie entre discours et les
actes de la direction nationale. Soyons clairs :
l¹UNEF a besoin d¹une direction humble et rigoureuse
sur laquelle on puisse prendre exemple, qui emmène
toute l¹organisation vers le haut ­ plus d¹exigences
et de rigueur ­ qui reconnaisse et qui assume ses
erreurs. Nous critiquons des comportements et des
pratiques. Nous respectons les individus. Il est
facile de dire que Le Pen est méchant, il est moins
simple de démontrer qu¹il a tort. Ce n¹est pas nous
qui en voudrons à des individus parce qu¹ils
penseraient ³ mal ². Nous sommes partisans du droit à
la différence. Non aux vieux cons qui croient tout
savoir comme aux jeunes qui ne veulent pas voir. Même
s¹il faudra écarter les personnes qui s¹opposeront
factuellement (et non verbalement) aux décisions de la
majorité, nous le disons encore une fois : nous ne
sommes pas dans une démarche d¹exclusion ni dans la
recherche de boucs émissaires.

Nous ne tenons pas à l¹UNEF pour ce qu¹elle est, croit
ou veut être, mais pour ce qu¹elle nous permet de
faire : nous être utile dans une démarche active (³
d¹action directe ²) de construction d¹une université
meilleure, pour la pleine reconnaissance de l¹étudiant
dans la société, ou plus simplement pour
l¹amélioration de nos conditions de vie et d¹étude. On
a tous à surmonter nos peurs face à l¹indifférence ou
à l¹hostilité des autres à nos propres projets (et non
pas, comme la bêtise ordinaire nous le fait croire, à
nos propres identités). C¹est la difficulté de
l¹adolescence. Sommes-nous vraiment majeurs ? Nous
voulons construire une organisation adulte.

Les divisions minables, ça suffit. On a un projet,
allons-y.