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[discussions] Le CEN, l'UNEF et l'intersyndicale dans la tourmente du CNOUS

Posté par Jean-Paul CANEVET le 1/5.

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CROUS toujours...

le CEN, l'UNEF et l'Intersyndicale dans la tourmente du CNOUS

Le Collectif des Etudiants de Nantes va peut-être mal, mais au moins il va mieux

Le CEN-UNEF offre dans le paysage syndical étudiant un visage bien singulier. Nous sommes une AG confrontée à un constant problème de survie (petit effectif d'adhérents ; visiblement une particularité nantaise), mais dont l'écho se développe sans cesse sur le campus nantais. Un seul exemple, les élections du CROUS cette année : la participation est en baisse de plus d'un quart, et pourtant le CEN augmente son score en voix (malgré l'attitude particulièrement malhonnête de l'UNEF-ID le jour du vote) et double son pourcentage (21,5 %). Et nous avons un élu (nous y reviendrons plus tard...). Nous sommes une AG qui c'est clairement positionnée dans la non-tendance minoritaire du dernier congrès de l'UNEF, mais n'a pas quitté cette dernière pour autant. Une AG critique (très) à l'égard du Bureau National dont il a réclamé à plusieurs reprises (et réclame toujours) la démission pour des questions autant de fond que de formes. Nous sommes aussi une AG de l'Intersyndicale ECRA, qui accepte le travail avec ceux qui luttent effectivement pour la défense du service public et contre l'offensive des mesures anti-sociales récentes du gouvernement. Une AG enfin qui saisit chaque opportunité pour se faire entendre dans les instances où elle est élue, mais qui n'oublie pas la masse des étudiants, ses électeurs, persuadée qu'elle est qu'il représente la véritable force d'avancé sociale, la seule qui soit efficace autant que légitime.

L'impasse des uns fait l'échec des autres

Voilà pour la présentation de la situation actuelle. Le CEN se positionne, dans le débat sur l'évolution du syndicalisme pour le rassemblement des forces syndicales nationales dans une même organisation. Par forces syndicales, nous entendons les groupes qui acceptent :

1.de lutter contre les mesures anti-sociales ou discriminatoires, d'où qu'elles viennent (gouvernement, ministère, présidence d'université,...).

2.de refuser les pratiques démagogiques, l'argument fascisto-stalinien selon lequels la fin justifie les moyens, des méthodes qui sont hélas trop souvent les armes favorites du principal syndicat étudiant -autoproclamé de gauche.

3.de défendre les étudiants sur le terrain, et pas seulement dans les bureaux du ministère.

4.de respecter en interne un fonctionnement démocratique et refuse la confiscation des pouvoir d'une AG par un bureau vaguement élu.

Ces forces doivent pouvoir se regrouper dans une organisation nationale véritablement démocratique (ce qui n'est le cas ni à l'UNEF sans tendance, ni à l'UNEF-ID avec tendance). C'est à cette seule condition que cette organisation deviendra toute à la fois un espace de débat, de prise de décision, avec un véritable poids, une véritable légitimité.

Jusqu'à aujourd'hui, l'UNEF ne s'est pas engagé dans la voie d'une rénovation sur ces bases, préférant se réfugier dans le mutisme et l'inaction. L'UNEF se sclérose, refuse la discussion parce qu'elle ne veut pas avoir à supporter la contradiction. Elle traite ces dissidents par un profond mépris, de même pour les structures qui ne doivent leur existence qu'au vide qu'elle a complaisamment laissé sur le terrain des luttes.

L'Intersyndicale s'essouffle, faute de ne pas constituer une véritable structure fixe de rassemblement, miner par les dissensions entre ceux qui la composent, lesquels n'ont pas compris l'urgence de la situation. D'aucun préfère dans des guerres fratricides se disputer l'honneur d'être les derniers « vrais syndicats de lutte » à mourir. L'important devient alors moins d'avoir raison que de donner tort aux autres. l'Intersyndicale était une structure provisoire qui ne tiendra pas longtemps encore.

C'est dans l'absence de tentative de dialogue entre l'Intersyndicale et l'UNEF que se perde les énergies des militants et l'espoir d'une unité syndicale, celle des syndicats telle que nous les définissons.

Le CROUS 2000 : prémisse de l'ultime quitte ou double

Les élections du CROUS confirme cette analyse. L'UNEF -il faudra bien qu'elle ouvre les yeux un jour- s'est écroulée. Elle n'a plus les moyens de traiter par le mépris ceux qui la critique, de l'intérieur ou de l'extérieur. Elle n'a pas d'autre alternative aujourd'hui que de s'ouvrir en consentant de nécessaires réformes qui seront autant de gages pour ceux qui la rejoindront. Cela passe par un processus de dialogue sur un pied d'égalité avec les autres groupes, dans le respect, tendu vers la recherche d'une solution dans des délais aussi bref que possible. Pour se faire, l'équipe en place, responsable de la débâcle des 4 dernières années, doit tirer les leçons de son échec et démissionner pour ne pas entraver la démarche de discussion.

Les groupes qui compose l'Intersyndicale doivent, eux aussi tirer la leçon qu'une structure nationale visible et organisée est nécessaire pour éviter la disparition pure et simple. Dans le climat de matraquage médiatique et de démagogie entretenu par l'UNEF-ID, les petites structures autonomes isolées sont vouées à la disparition à court terme. Le temps est venu pour eux de cesser de s'entre-déchirer pour unir leur effort à travers un nom, une unité, une structure qui respectera l'autonomie de chacun.

Dans ce double constat, c'est à l'UNEF, responsable par défaut de la situation, de faire le premier pas et de donner des gages. Les autres structures porteraient alors un coup décisif au syndicalisme étudiant en ne répondant pas à cette ouverture. Nous n'osons pas imaginer cela ce cas de figure.

Qui dit CROUS dit CNOUS

Et justement, première question pratique : le CNOUS. Seul, l'UNEF n'a aucune chance d'avoir un représentant. Il faudrait déjà qu'elle soit sûr de faire le plein des votes de ces élus. Il ne s'agit pas là de notre part d'une menace. Simplement, en l'absence de directives de programme claires, et étant donner qu'aucune espèce n'a été proposée en concertation avec les AG membres, le CEN a construit son propre programme... qu'il aimerait pouvoir comparer avec le programme des autres élus UNEF. Autrement dit, il va bien falloir réfléchir au programme que l'UNEF entend faire passer au CNOUS (il est temps).

Ensuite donc, l'UNEF aura besoin des voix des AG dissidentes de Solidarité Etudiante, des SUD et autres groupes. Qu'espère-t-on ? Que tous ces étudiants vont soutenir une liste 100 % UNEF soutenue par le Bureau National actuel et le tout sans discuter, parce que ce sera le moins pire ? Cette technique serait la continuation du mépris, et un pas de plus dans l'abîme. En effet, rien n'indique que les étudiants concernés feront ce qu'on espère d'eux. Et cela ne détendrait pas franchement l'atmosphère. Alors que faire ?

Le CEN, nombril du petit monde syndicale

Il y a peu, le président du CEN, Manuel Canevet, a reçu la proposition par le Bureau National d'être tête de liste au CNOUS. Dans un souci de transparence qui est la règle dans notre AG, il nous en a fait part afin que l'analyse de cette proposition et la réponse soit le fruit d'une démarche collective. Le CEN voit dans cette proposition deux possibilités :

1.Le Bureau National est conscient de sa faiblesse et de se que représenterait pour lui de ne pas avoir d'élu au CNOUS. Cependant, il n'est pas prêt à consentir de négociation avec ceux dont il espère le soutien. Il s'agit alors d'une manoeuvre opportuniste : placé en tête de liste un militant connu et respecté par tous pour gagner la confiance des élus. Il s'agit de profiter des qualités reconnue d'intégrité et d'ouverture de Manuel et de l'AG qu'il représente. Il va de soit que le programme serait alors moins mis en avant que la personnalité de celui qui le porte. Cette hypothèse ne doit pas être considérée comme fantaisiste, et elle prouverait en tout cas que le Bureau National est conscient de ce que l'adhésion des autres petits groupes d'élus au CROUS ne va pas de soi.

2.Autre possibilité, le Bureau National a compris où le menait sa politique d'abandon des luttes et du terrain syndical en général. Il tente cette main tendue que le CEN appelle de ses voeux depuis longtemps en direction des groupes de l'Intersyndicale et des anciennes AG de l'UNEF. La proposition de Manuel en tête de liste serait le signal de ce changement de cap.

Voilà donc l'avenir de l'UNEF remis entre les mains d'une petite AG de province ? Ce serait nous donner beaucoup trop d'importance, mais nous voyons tout de même que l'UNEF ne peut plus se permettre d'ignorer aujourd'hui ceux qui, de l'intérieur, la critique. Quelle réponse faisons nous, dans ces conditions ?

Motion du CEN-UNEF sur les élections au CNOUS et l'hypothèse de la candidature de Manuel Canevet sur la liste UNEF

1.Le CEN demande que la structure nationale de l'UNEF se prononce sur notre programme au CROUS afin de voir si la voix de notre élu au CROUS de Nantes peut aller à la liste que l'UNEF pourrait proposer au CNOUS.

2.Le CEN souhaite que des négociation soit ouverte avec les syndicats de luttes type Solidarité Etudiante, SUD,AGET-ASL, SEUL... avec pour objectif la constitution d'un programme commun qui servirait de base à un possible élu commun au CROUS.

3.Le CEN demande que la future liste au CNOUS ne soit pas composée uniquement de membres de l'UNEF, mais aussi de représentants des autres groupes proches.

4.Le CEN demande qu'en guise de gage de bonne volonté, la tête de liste soit UNEF, mais que le deuxième nom soit d'un autre groupe (par exemple SE), avec l'engagement du partage du mandat : 1 an au CNOUS pour l'élu UNEF qui démissionne ensuite pour laisser sa place au numéro deux de la liste, non-UNEF.

5.Le CEN rappelle que Manuel Canevet est en instance de démission de son poste au CROUS pour cause de cumul de mandat. Notre élu est aujourd'hui Romain Bessonnet.

6.Le CEN accepte la candidature de Romain Bessonnet comme tête de la liste UNEF (avec les autres groupes) pour le CNOUS. Il va de soi que la candidature de Romain Bessonnet ne peut s'inscrire que dans une démarche de rénovation de l'UNEF et d'accord négocié avec les autres groupes susceptible de soutenir la liste du CNOUS. Cela pose comme préalable que le Bureau National nous donne satisfaction sur les points 2, 3 et 4 de la présente motion.

7.Le CEN demande au Bureau National de tirer les leçons de l'échec de l'UNEF aux élections du CROUS en donnant sa démission collective. Cette défaite -bien plus importante que le futur festival de P8- tient moins de la mauvaise formation des adhérents et militants que de l'action anti-démocratique et autoritaire du Bureau National et de l'absence de programme clair et de stratégie collective.

Espérant être entendu, nous adressons un salut syndical fraternel à tous les camarades et à toutes les AG qui, partout en France, pratiquent comme nous un syndicalisme de lutte clair, intègre et respectueux des étudiants, défendant leurs intérêts physiques et moraux. Bravo à ceux qui ont mené victorieusement campagne au CROUS, et que les autres persévèrent dans cette voix syndicales que nous traçons tous ensembles.

Collectif des Etudiants de Nantes - U.N.E.F.

adopté à l'unanimité le 1er Mai 2000.