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[discussions] Analyse de la licence professionnelle

Posté par Ensemble contre les reformes Allegre le 7/2.

Ci-desous, le texte élaboré par notre réunion intersyndicale de Caen en
novembre.
Vous en trouverez une version plus lisible avec de jolis dessins et un
fond rigolo
sur notre site:
http://altern.org/ecra.
Nous pouvons également l'envoyer sous forme de fichier Word à tous ceux
qui ça
intéresserait (préciser Mac ou PC, et version de Word souhaitée)

Licence professionnelle, l'arnaque du Troisième Millénaire

Une fois de plus, nos gouvernants, avec l'aide du MEDEF (ex-CNPF), ont
trouvé la panacée contre le chômage, les
problèmes d'insertion dans le monde du travail..

Après le CIP, après les stages diplômant, voici les licences
professionnelles. Ce sont toujours les mêmes recttes qui sont
appliquées. Et, à l'observation, ce diplôme miracle apparait une fois de
plus douteux

Diplôme Bidon

Diplôme National ?

Cette "licence" nous est présentée comme telle. Mais le ministère a
maintenu jusqu'au vote au Conseil National de
l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, une opposition catégorique
à tout cadrage horaire. Comment celui-ci peut-il
prétendre créer un diplôme réellement national alors que le volume
horaire sera décidé localement

Mais, plus fort encore, ces licences à mentions nationales (officielles)
sont créées localement. On peut donc se retrouver
avec "sa" licence nationale qui n'existe que dans une université. Vous
en voulez encore ?

Une grande partie de la formation est contrôlée par les entreprises
locales. Le stage
dure entre 12 et 16 semaines, c'est-à-dire un semestre. De plus, le
projet tutoré
représente au moins un quart du volume de la formation, hors stage
(art.7). Cela
revient donc à dire que la partie enseignement est réduite à la portion
congrue, surtout
qu'il est prévu des remises à niveau pour des publics venus d'horizons
différents

Enfin, quelle peut être la reconnaissance d'un tel diplôme dont le jury
est composé
pour au moins un quart et jusqu'à la moitié de "professionnels" (art.
11). La finalité
locale et le contrôle par le patronat sont ici encore plus marqués

Dire que la "licence professionnelle" est un réel diplôme est plus que
douteux. Par
conséquent, ce diplôme risque fort de remettre en cause l'organisation
des formations et leur reconnaissance, si personne
ne s'y oppose

Casse de la reconnaissance des diplômes

Pour comprendre l'orientation du ministère, il n'est pas besoin d'aller
chercher très loin. Celui-ci précise lui-même ses
orientations dans le rapport de présentation de la licence
professionnelle qui reprend les déclarations de la Sorbonne (25
mai 1998) et de Bologne (19 juin 1999) : "Adoption d'un système qui se
fonde essentiellement sur deux cursus, avant et
après la licence... Premier cursus d'une durée minimale de trois ans"

Les intentions affichées semblent ici, on ne peut plus claires : c'est
la

...Casse des bac+2

Il ne s'agit donc pas du tout de renforcer les formations à bac+2 comme
il est prétendu publiquement mais bien de les
dévaloriser voire de les faire totalement disparaître (schéma 3/5/8)

                                  La création de ces licences
professionnelles revient en effet à dire que les
                                  diplômes à bac+2 n'ont plus de valeur.
Ce sont les formations courtes
                                  comme les DUT et les BTS qui sont les
plus directement
                                  menacées. On va demander aux
titulaires de celles- ci de faire un an d'études
                                  supplémentaires pour la même
reconnaissance de fait. Mais, l'arnaque en prime,
                                  c'est que "les établissements
préciseront leur plan spécifique de développement
                                  des licences professionnelles"
(caractère local du diplôme) net la programmation
                                  de leurs capacités d'accueil. En
clair, môme si tous les titulaires d'un bac+2
                                  voulaient prolonger leurs études en
licence professionnelle, lis ne le pourraient
                                  même pas

                                  Casse des conventions collectives

                                  Un autre problème posé par ces
nouveaux diplômes est celui de- leur intégration
                                  dans les niveaux de qualification
reconnus et notamment dans les grilles de
                                  salaires

La volonté gouvernementale d'articuler les études supérieures autour du,
bac+3 va permettre au patronat de redéfinir les
conventions collectives, Ces accords entre patronat et syndicats
régissent par branche d'activité les droits des salariés et
notamment leur niveau de rémunération

Le MEDEF a clairement affiché son intention de les renégocier pour
placer ces licences au niveau bac+2 actuel

Laisser passer ces licences professionnelles; cela veut dire trahir des
millions de salariés et saborder
notre propre avenir. Mais cela n'est pas tout

L'avenir de l'Arnaque ... ou l'Arnaque dans l'avenir

Fonctionnement

Il n'est pas pour l'instant prévu de possibilité de poursuite d'études
contrairement aux autres licences, et l'on ne sait pas
s'il y en aura un jour. Comment imaginer, en effet, qu'un étudiant qui
n'a suivi que très peu d'enseignements, puisse
intégrer une maîtrise ?

Il va également se développer un phénomène de concurrence. Les stages de

cette licence ressemblent à s'y méprendre à ceux des BTS et DUT Cela
représente au moins plusieurs dizaines de milliers de stages nouveaux à
trouver

La concurrence sur le marché du travail est déjà forte; et l'Education
Nationale offre au patronat de nouveaux stagiaires pour travailler à
l'oeil :
on dit merci qui ? Cette politique qui soi-disant doit permettre
l'insertion
professionnelle a pour effet de restreindre elle-même les débouchés.

Il est bon de se rappeler que ce n'est pas le système éducatif. qui
détermine le nombre d'emplois disponibles, mais d'autres institutions
comme le MEDEF ou l'Etat (quand il prend ses responsabilités).

Lien avec la politique générale

Cette licence professionnelle n'est pas le fruit du hasard. Les
déclarations de
la Sorbonne et de Bologne nous rappellent déjà qu'elle s'insère dans la
politique d'harmonisation européenne des diplômes. Mais elle offre bien
d'autres possibilités pour les réformes en cours et à venir.

Claude Allègre utilise, entre autres, comme référence un rapport
concocté par Jacques Attali. Outre la proposition du
"3,5,8", ce personnage proposait la fin de la validité permanente des
diplômes. Même si personne n'a encore oser prendre
de mesures concrètes au niveau législatif, l'idée trotte dans certaines
têtes. La patronat a ainsi lancer possibilité de "carnets
de compétence", ce qui implique la disparition de références générales

Nous avons donc ici la possibilité de boucler la boucle. En effet, le
patronat pourra faire payer totalement à l'Etat la
formation continue, de ses salariés, par obligation (diplôme à durée
déterminée) et avec des possibilités larges
(organisation des études adaptée à ses désirs)

En résumé, la licence professionnelle c'est

              - un diplôme bidon

              - de la main-d'œuvre à bon marché

              - la casse des bac+2 et des conventions collectives

              - un cadeau en or au patronat

Face à ceci, nous revendiquons

              - le retrait de la licence professionnelle

              - le maintien de la reconnaissance du niveau bac+2

              - de véritables diplômes nationaux sans sélection à
l'entrée
                                    Un vrai Diplôme

                                     Un vrai Travail

                                     Un vrai Salaire




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