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Pour info: tract de SUD Education sur la licence professionnelle

Posté par Emmanuel Lyasse le 1/12.

(message reçu sur le site Ensemble contre les réformes Allègre)



Voici le tract Sud Education Jussieu que nous distribuons ce matin, et à

midi à la cantine.

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Sud Education Jussieu

45-55, 218 ; tél. 725 27

Réunions les vendredis, à 12 h 30

http://www.multimania.com/sudeducj/







Licence professionnelle

L'intérêt des étudiants S ou des entreprises ?



Après la mise en place sans texte réglementaire des écoles doctorales
nouveau cru, après la création du grade de mastaire complétant les diplômes
de DESS, DEA et d'ingénieur, le Conseil national de l'enseignement
supérieur et de la recherche a donné le 8 novembre un avis favorable à
l'arrêté relatif à la licence professionnelle, troisième volet du fameux 3,
5 ou 8 du rapport Attali.



Le projet visé au CNESER

Public concerné : les étudiants diplômés des filières
techniques-technologiques courtes BTS, DUT, ceux titulaires du DEUG, et
ceux souhaitant une reprise d'études, par le biais de la validation des
acquis.

La licence professionnelle est organisée en formation initiale et en
formation continue.
Inscription. Pendant une période transitoire de 3 ans, " les universités
préciseront les modalités d'admission prévues " ; au delà, "
 l'objectif est d'accueillir l'ensemble des étudiants souhaitant s'inscrire ".
Traduction : dans un premier temps, sélection, puis dans 3 ans, répartition
nationale des demandes selon les capacités d'accueil.
Organisation. Des enseignements généraux et professionnels, de langues,
gestion et informatique ; un projet (au moins 25% de la formation) ; un
stage de 12 à 16 semaines, pour une année d'enseignement de 24 à 32
semaines. Les professionnels assurent au moins 25% de la formation, et
constituent entre 25 et 50% du jury.

Nature de la LP. C'est une " formation S conçue et organisée dans le cadre
de partenariats étroits avec le monde professionnel ". " Elle porte une
dénomination nationale correspondant aux secteurs professionnels concernés".
Si souplesse et professionnalisation sont maintenues, le patronat
envisage d'agir pour la reconnaissance au niveau II de la LP dans les
conventions collectives.
Son obtention confère le grade de licence.

Traduction : l'arrêté de 97 fixant la liste des diplômes requis, la LP
ne donne pas accès de plein droit aux maîtrises. Le régime sera donc
 celui des accès dérogatoires, et des concours pour les recrutements ou formations 
à ce niveau.

Mise en place, suivi. La demande d'habilitation mentionne les partenariats
avec les milieux professionnels, et les débouchés prévus. Elle sera
examinée par une commission nommée, comprenant moitié de professionnels,
moitié d'universitaires. Toutes les mesures réglementaires sont repoussées
après la mise en place des formations : une table ronde sera organisée
après la deuxième rentrée et ce n'est qu'ensuite que sera arrêtée
 la liste des dénominations nationales, et des autres diplômes donnant accès ; "
l'élaboration de la carte nationale des formations " et " le plan de
développement de l'offre globale de formation " à 3 ans sont l'objet d'une
politique globale " progressivement mise en oeuvre ".

Ce projet a été approuvé par :
- 33 voix pour : CPU, Autonomes, QSF, CFDT et tout SGEN, tout FEN,
patronat, CNELIA, S.
- 14 contre : UNI, tout FSU, FO et Sud Education.
- 5 abstention : les 2 UNEF, la CGT.
(La FERC-sup CGT, la confédération et l'élu professeur FO étaient ab
sents).

Un projet répondant à une demande de formation ?
Tout au long de son élaboration, le projet de licence professionnelle a 
été présenté comme une réponse à la demande de différents publics :
- celle indiscutable des étudiants issus des filières courtes, IUT et ST
S, souhaitant  poursuivre leurs études (65% des étudiants titulaires d'un DUT
prolongent leur scolarité et recherchent pour la plupart une formation
universitaire) ;
- celle d'étudiants titulaires d'un DEUG, dissuadé d'entreprendre des
études longues et pensant se placer en situation favorable pour trouver un
emploi en recherchant une formation adaptée ou des stages ;
- celle d'adultes déjà engagés dans le monde du travail, et voulant 
élargir leur expérience au travers d'une reprise d'études.

Le projet ministériel captera sans la satisfaire la demande des premiers,
sera une illusion pour les seconds et renverra les troisièmes d'où ils
viennent.
Sud Education a voté contre le texte ministériel et demande son retrait
pour les raisons suivantes :


1. LA LICENCE PROFESSIONNELLE : UN DIPLOME DEBOUCHANT SUR LE VIDE.

Pour les étudiants s'engageant dans ces cursus, l'obtention du grade de
licence, laissant espérer de possibles poursuites d'études, est une
tromperie : les accès en maîtrise ne seront que dérogatoires, et les
chances de réussite des étudiants ayant transité par BTS ou DUT + LP,
quasiment nulles au vu du retard accumulé dans les matières générales.

L'objectif d'insertion professionnelle annoncé constitue un autre leurre,
car les entreprises partenaires ne s'engageront pas au delà des contenus et
des stages.
Pensée en dehors de tout cursus, la LP est un diplôme terminal, dont la
fonction sera de détourner des filières généralistes une partie des
diplômés du DEUG (" aménagé " pour les étudiants se destinant à
 la LP), dont on ne souhaiterait pas prolonger la formation, et qui seront séduits
par l'affichage professionnel.

2. LA LICENCE PROFESSIONNELLE : UNE OPPORTUNITE POUR DEREGLEMENTER

La mise en place de la LP est marquée par une totale déréglementation
 : il n'existe aucune dénomination nationale, aucun programme, aucun horaire, les
conditions d'admission sont laissées pendant 3 ans à la discrétion des
établissements S les seules contraintes figurant dans le projet concernent
la durée du stage, les partenariats avec les milieux professionnels
associés à l'élaboration des projets, à leur mise en |uvre, aux
 jurys et à la commission nationale d'expertise de la LP.
Sans cadre et sans contenus nationaux, avec comme seule contrainte
l'intervention du monde de l'entreprise à toutes les étapes, les
Universités sont poussées à solliciter la demande de formation des
entreprises situées dans leur bassin d'emploi, donc à être de simples
courroies du patronat local, qui lui, n'a aucune obligation de financement
ni de recrutement. Cet abandon des principes de la laïcité (indépendan
ce face aux pouvoirs politiques, confessionnels et économiques), et cette "
avancée " vers un fonctionnement sur le modèle des entreprises, sont
contradictoires avec les missions du service public de formation supérieure
et de recherche.

3. LA PROFESSIONNALISATION : UN MYTHE POUR L'EMPLOI, UN ALIBI POUR LA
PRESENCE DU PATRONAT.

Le ministère, le patronat, la conférence des présidents d'université
s, et la plupart des syndicats favorables à la démarche - sinon au projet -,
défendent la LP, en travestissant une demande étudiante, au nom de la
nécessité de la professionnalisation, " contrib[uant] S à la politique
nationale de l'emploi ". Il s'agit d'une nouvelle expression de la pensée
unique : non, la professionnalisation d'une filière n'est pas en elle-mê
me créatrice d'emploi ; oui, le plus grand contrôle donné au patronat sur
 les formations délivrées constitue un recul pour le service public.

Lorsque le chômage touche un jeune sur quatre, il est plus que jamais
indispensable de donner aux étudiants les moyens de maîtriser un champ de
connaissances, d'y développer leur esprit critique, et donc leur capacité
personnelle d'adaptation, et non d'axer leur formation sur les compétences
requises par un emploi.
Recherche et formation ne sont pas des marchandises !

Sud Education Jussieu, 26 novembre 99