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[discussions] Allègre met les profs au centre du système éducatif

Posté par Emmanuel Lyasse le 10/9.

piece jointe : TEXT/PLAIN
Il me semble utile de transmettre à ce forum cet excellent
article trouvé sur le site du
Collectif pour la démission d'Allègre
(http://www.geocities.com/Athens/Thebes/8739,
liens sur les sites UNEF Paris IV et Ensemble contre la
réforme Allègre), qui
contient des infos et des analyses pouvant éclairer la
lutte que nous avons à mener
sur la question des postes au CAPES et à l'Agrégation.
EL


TZR : Tous Zélés Robots ?

Les premières nouvelles venant de tous côtés se ressemblent
beaucoup : alors même que la
       quatrième étape du mouvement n'est pas terminée, on
sait que de nombreux collègues TZR
       sont nommés rattachés administratifs, sans tâche
bien précise pour l'instant, cependant que
       des postes ne sont pas pourvus, que des classes
seront sans professeurs, et que le recteur de
       Créteil a demandé l'autorisation au ministère
d'embaucher de nouveaux contractuels.

       Quelques cas : dans un même établissement on
trouve un poste non pourvu (congé de
       maternité par exemple), un rattaché dans la même
discipline, sans service et qui n'a pas
       l'autorisation de prendre le service de l'absente.
Un professeur ancien TA et nouveau TZR
       revenant au lycée où il était nommé depuis trois
ans, où il a un vrai service normal avec de
       vraies classes, mais il est rattaché administratif
ailleurs, à un collège du voisinage. Le
       collègue, les deux proviseurs et les deux intendants
concernés s'indignant de cette
       complication qui alourdit la tâche de tous, le
rectorat répond qu'il est interdit d'être rattaché
       dans l'établissement où on est employé !

       Que se passe-t-il dans les collèges et lycées où
arrivent ces TZR ? Dans le meilleur des cas, ils
       font connaissance avec les personnes et les lieux,
on leur fait un service de cours de soutien,
       on dédouble des classes (qui en ont bien besoin, à
36 et plus comme il est fréquent !). On
       nous cite cependant des chefs d'établissement qui
n'ont pas fait les emplois du temps car ils
       n'ont pas tous les professeurs, et sont mécontents
et découragés d'avance par l'inutilité d'une
       organisation qui va s'effondrer au départ des
rattachés, destinés à quitter l'établissement.

       Que peuvent penser les élèves qui ont commencé
(dans le meilleur des cas) à travailler dans
       ces structures bancales avec des professeurs qui
s'évaporent soudain, sans espoir de retour ?
       Peuvent-ils prendre au sérieux les profs, et même
tout le système ?

       Des élèves croisent dans le couloir une nouvelle
tête d'adulte, le saluent à tout hasard,
       s'enquièrent de son identité.

       X, prof de math.

       Nous, on n'en a pas, de prof de math.

       Oui, je sais, on nous a dit ce matin qu'il en
manquait.

       Et vous, qu'est-ce que vous faites comme classes ?


       Aucune.

       Hein ? Mais alors, qu'est-ce que vous faites là ?
On vous paie à ne rien faire ?

       Futur dialogue authentique.



       Gabegie ? Lourdeur administrative stupide ? (le
mammouth ?) C'est la première réaction que
       l'on peut avoir.

       Mais regardons d'un peu plus loin.

       Car il ne s'agit pas d'erreurs et de ratés par
rapport à des objectifs qui seraient «
       bons-tout-en-ne-se-donnant-pas-les-moyens »,
berceuse que certains nous ont chantée l'an
       dernier.

       Nommer « en surnombre » (du moins en début
d'année, car l'expérience montre que les
       collègues partent assez vite en remplacement), à
quoi cela sert-il ? Commençons par exprimer
       les choses autrement, en prenant tout simplement au
pied de la lettre les termes administratifs :
       ils ne sont pas titulaires d'un poste, ils sont «
rattachés » ; et ils n'ont pas un service là où ils
       sont rattachés. Le lien entre le grade donné par le
concours, le poste, et l'emploi, est rompu.
       Ce lien qui caractérisait la Fonction publique est
donc détruit, de propos délibéré, et
       parfaitement organisé Et ce serait une dangereuse
naïveté de croire que seuls quelques jeunes
       collègues sont concernés, les rapports et études
déjà parus (Longuet, notamment), montrent
       que c'est un projet beaucoup plus vaste, les TZR
sont simplement aux avant-gardes. Ce serait
       un aveuglement criminel de laisser croire que
quelques virgules déplacées, quelques adjectifs
       changés nous mettraient à l'abri de cette volonté
politique très générale et très cohérente de
       destruction des emplois statutaires et de toutes les
garanties professionnelles gagnées par les
       luttes des travailleurs jadis.

       Pour se convaincre que l'attaque est générale, et
a le même caractère dans la fonction publique
       et dans les entreprises privées, on peut faire le
lien avec les avatars de la loi des 35 heures, et
       ce qu'elle devient dans la réalité des entreprises,
on pourra par exemple lire avec profit l'article
       de Martine Bulard dans le Monde diplomatique de
septembre ; pour le patron, que ce soit
       Danone, Bouygues, ou le ministère de l'Education
nationale, l'employé idéal, c'est l'employé
       sans passé, sans mémoire ni traditions
professionnelles, qui accourt à l'appel sur son portable,
       le robot flexible-polyvalent-kleenex-jetable.



       A quoi sert de déstabiliser les gens, de semer le
désordre et de détruire la dignité humaine dans
       un sentiment d'inutilité ? C'est la façon élaborée,
subtile, fin du 20e siècle, d'obtenir des êtres
       soumis, ayant certaines compétences cependant, mais
incapables de réflexion et d'imagination
       politique. Nous, et nos élèves.

       Et il n'est nul besoin d'invoquer pour expliquer
cette convergence d'action du gouvernement
       et du grand patronat une sorte de grand complot, il
leur suffit de suivre leur tendance naturelle,
       de laisser faire la loi « naturelle » du
libéralisme.



       Et pour nous, il faut éclairer cette cohérence
pour nous défendre, tous ensemble, ce n'est pas
       seulement une question de catégorie, il serait faux
et dangereux politiquement de laisser seuls
       les collègues TZR, car nous sommes tous visés.

       Isabelle Voltaire

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