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Posté par Jean-Paul CANEVET le 9/9.

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Cher(e)s camarades, je vous prie de m'excuser mais une partie du texte que je vous avais précédemment envoyé avait été zappé, rendant les propos de mon camarade Matthieu quelques peu sybillins. Voici donc la version corrigée et j'espère définitive du texte. En vous en souhaitant bonne réception, 

        amitiés syndicales, Manuel.


Date : mercredi 8 septembre 1999 09:27
Objet : Contribution au déballage.


Contribution au déballage


Le concept de progrès agit comme un mécanisme de protection destiné à nous isoler des terreurs de l'avenir.

Dune, Frank Herbert

A l'heure où j'écris ces quelques lignes, c'est à dire la mi-juillet, par une étouffante après-midi, mon esprit de jeune militant syndical est en proie au pessimisme le plus total quant à l'avenir de notre groupe, le seul groupe de référence auquel j'accepte de me rapporter, le CEN-UNEF. J'en suis en effet arrivé à la conclusion que l'iceberg vient de heurter le Titanique, et que, doucement mais sûrement, le bateau coule. Ou plutôt la barque, puisque notre organisation aurait peine aujourd'hui ne serait-ce qu'à constituer une équipe de football.

On m'objectera que cela fait plusieurs mois déjà que la navigation à vue (courte) devient dangereuse pour l'AGE de Nantes. Vrai, mais elle n'est véritablement atteinte que depuis quelque temps, c'est à dire depuis le départ de notre trésorier et ami, Guillaume Cave. Cette défection est minime en terme d'effectif, elle peut être importante si l'on considère que Guillaume appartenait à une nouvelle génération de militants et qu'il garantissait donc, quelque part, l'existence future de cette AGE. Importante aussi parce que Guillaume était trésorier depuis un an et qu'il commençait à avoir dans ce domaine une certaine compétence. Importante enfin, et surtout, car comme je l'ai dit, Guillaume est un ami, et que sa décision nous invite à réfléchir sur ses motivations, mais aussi sur les nôtres, celles qui nous commandent de rester encore et malgré tout à l'UNEF (et je sais que cela pèse souvent à de nombreux camarades, comme à moi même d'ailleurs). Mon propos sera donc d'expliquer ce qui pourrait nous pousser à quitter l'UNEF et ce qui à pu pousser Guillaume à agir de la sorte.

Je ne vais pas revenir trop largement sur les événements nationaux passés qui onr secoué et secouent encore l'UNEFdepuis pas mal de temps. Je conseille pour cela aux camarades de lire la dernière (à cette date) contribution de Charby qui, l'âge aidant, gagne en lisibilité. Elle me semble assez bien résumer la situation actuelle, mais son intérêt se trouve surtout dans le fait qu'elle ne se limite pas à une réaction, mais qu'elle intriduit la question des enjeux pour le syndicalisme étudiant. J'y reviendrai par la suite.

La situation telle qu'on peut imaginer qu'elle sera à partir de Décembre 1999 (date des assises) peut être ainsi résumée : constitution d'un pôle syndical réformateur, autour de l'Unef-Id, et d'un pôle radical. Cela fait déjà un an que notre AGE comprend cette évolution, et nous reparlons souvent de cette bipolarité future. Ainsi, suite au 79e congrès national de l'UNEF, qui fut encore un bel exemple de démocratie, le CEN-UNEF tint une réunion et décida de rester dans l'UNEF, mais que cette décision serait assortie d'une lettre envoyer à l'UNEF Nationale et à toutes les AGE pour leur expliquer notre position et faire état des nombreux points de désaccord entre notre AGE et des décisions du congrès. C'est le premier reproche que je ferai: cette lettre n'a jamais été rédigée. Le camarade qui s'était proposé de le faire ne l'a pas fait. Pas étonnant dès lors que certains camarades se soient sentis, à juste titre, trompé par une décision qui, sans les applications qu'elles prévoyaient, semblait n'être pas autre chose qu'une acceptation pure et simple des directives du 79e congrès. C'est la première chose à retenir: la cohésion de notre groupe ne peut être effective que si les engagements pris par les uns et les autres sont effectivement tenus. J'en appelle à la responsabilité de chacun pour que cette situation ne se reproduise plus.

Cette lettre que l'AGE n'envoya pas eu pour autre fâcheuse conséquence que notre position ne fut jamais expliquée et couchée par écrit, ce qui fait qu'aujourd'hui, certains camarades ne comprennent pas notre situation et la jugent intenable. D'où le désir de vouloir trancher une fois pour toutes la situation, et le retour du fameux adage: «choisis ton camp, camarade». Donc, Guillaume a choisi son camp, et le fait que cela est occasionné son départ me pousse à croire que ce camp n'est pas, pour lui, le même que le notre.

Après ces quelques petits retours en arrière qui, bien entendu, nous ramène à la présente situation, tâchons d'analyser les perspectives qui s'offrent à nous dans la situation actuelle. Depuis le congrès, les nouvelles du BN sont... inexistantes. Cependant, on peut penser que des contacts ont été pris avec l'Unef-Id. Je pense que les discussions autour des assises de Décembre vont commencer à partir de Septembre, mais qu'elles resteront obscures jusqu'au bout. Je crois que l'on peut aujourd'hui dire que nous nous retrouvons dans une situation parfaitement claire qui est d'être une AGE en désaccord avec sa représentation nationale (U3M, MNEF), ce qui ne constitue pas un handicap si l'on pense que ça a plus ou moins toujours été le cas à Nantes. La nouveauté de notre situation provient du départ, suite au congrès, d'un certain nombre d'AGE de l'UNEF, et qui depuis animent avec d'autres organisations (des AGE de l'Unef-Id, de SUD, du SEUL) des intersyndicales poursuivant le double objectif de s'opposer aux réformes ministérielles et d'oeuvrer à la refondation du syndicalisme étudiant, dans un cadre encore imprécis. Parmi ces AGE sorties de l'UNEF, on remarquera que les 2 plus importantes sont l'AGE de Toulouse et celle de Limoges, qui ont souvent reçu, y compris de notre part, et depuis plusieurs années, le qualificatif assez peu amical de «stalinien». Ceci pour dire que, si nous sommes en rupture par rapport à l'UNEF nationale, tout n'est pas tout rose chez les rénovateurs.

Bref, nous nous retrouvons à mon sens devant 2 coquilles vides: celle de l'UNEF, prise dans un processus qu'elle ne contrôle pas, et celle de «l'intersyndicale», qui tarde à reconstruire (normal: tant que l'UNEF et l'Unef-Id ne font rien, ils ne peuvent pas dire qu'ils sont contre). Et on voudrait nous faire choisir, maintenant, entre 2 «riens»? Regardons notre situation: en quoi le choix presse-t-il? Nous nous trouvons, à mon sens, dans une situation parfaite, à condition que nous réussissions à substituer le dialogue constructif à la polémique, lors de nos réunions. Car soyons clairs: rien ne se dénouera avant le mois de décembre. Cela nous donne le temps pour un certain nombre de choses importantes:

.établir un programme de revendications, un véritable projet pour l'université de Nantes, qui devra à mon sens clairement définir notre opposition à la politique de la présidence de l'université, mais aussi expliquer nos attentes, nos propositions. Elles pourraient être de nature à relancer le débat autour de la partition de l'université. Ce projet passe forcément par la mobilisation des étudiants, à travers des réunions, des tracts, et tout autres moyens appropriés, mais aussi par la mobilisation des personnels de l'université, à travers les syndicats et les institutions de l'université (départements, UFR, CEVU, CA). Ce travail est pour nous l'occasion d'aller à la rencontre des étudiants autour d'une question qui les concerne tout en nous permettant d'introduire ensuite dans le débat les questions du rapport Attali, de la vidéo surveillance, du manque de moyens de l'université et de l'éducation en général,... Ce projet doit nous mobiliser avant tout autre problème et son élaboration, comme la lutte pour son application, doivent être le fait de chaque militant.

.participer à la discussion sur la refonte de paysage syndical étudiant. Notre position est pour cela la meilleure. En effet, en étant encore à l'UNEF, nous disposerons d'une tribune dans cette organisation pour faire progresser nos idées. De même, le CEN-UNEF a toute liberté de participer à des réunions intersyndicales pour y soumettre son point de vue. Bien sûr, on me dira: «que ferons-nous en décembre?» Et bien, en décembre, lorsque la situation sera quelque peu clarifiée, il appartiendra à chacun de choisir ce qu'il fait, et puis c'est tout. Nous disposons tous de 4 mois pour réfléchir, discuter, échanger; à tout ceux qui nous rejoindraient, cela donnerait une véritable expérience syndicale dans une organisation qui tourne, et même -si l'on prend son effectif- tourne pas mal du tout.

Pour mener à bien ce projet, le seul à mon avis qui puisse déboucher sur quelques choses de clairs au niveau du syndicalisme étudiant à Nantes, je juge très prématuré la décision de Guillaume de fonder un nouveau syndicat qui fera doublon avec le CEN-UNEF jusqu'à décembre. Les conséquences pourraient bien être catastrophiques au niveau du message syndical et, à terme, funestes aux 2 organisations, ce qui laisserait l'AGEN et l'Unef-Id face à face. Cela ne fera qu'obscurcir la vision que les étudiants ont des syndicats, elle n'a pourtant pas besoin de cela. Le progrès n'est, à l'heure actuelle, ni dans le Bureau National de l'UNEF, ni dans l'intersyndicale dont on attend trop et trop tôt, il est dans la capacité que devra avoir le CEN-UNEF de rassembler un maximum d'étudiants pour faire échouer les projets désastreux du ministère, mais surtout de la présidence de l'université de Nantes.

Matthieu Lavois

Secrétaire du cen-UNEF