Répondre à ce message - retour au sommaire de la page  

Article pour le journal des tables rondes (RCUO). URGENT !

Posté par Manuel Canévet le 5/9.

Article pour le journal des tables rondes : "Rond comme une Orange"

Par Manuel Canévet, membre du Bureau National. 


                                        Un peu de courage.


Nous voilà à l’aube d’une nouvelle année universitaire. L’année dernière 
aura été riche en événements pour l’enseignement
supérieur et pour les syndicalistes étudiants que nous sommes. 
Généralisation de l’application de la réforme Bayrou, promulgation du 
rapport
Attali, mise en place d’U3M, des réformes d’Allègre, mouvements de 
contestation étudiante,...mais aussi 79è congrès de l’UNEF,
76è congrès de l’Unef-id, congrès fondateur de la fédération Sud-
Etudiant... Pourtant, ce qui aura sans aucun doute retenu l’attention du 
Plus grand nombre, et ce qui accapare les débats depuis quelques mois, 
c’est la réunification annoncée du mouvement étudiant.

On fait généralement deux constats : d’une part la crise de la 
représentativité étudiante à l’université, et d’autre part le faible taux 
de syndicalisation chez les étudiants. Seulement, si les organisations 
étudiantes sont à peu près unanimes pour dénoncer cet état de fait, les 
conclusions qu’elles en tirent sont bien loin d’être identiques. L’UNEF 
parle de doter le mouvement étudiant de nouvelles structures,
d’une nouvelle organisation, dans une optique de rassemblement; l’Unef-
id a clairement plébiscité, lors de son dernier congrès, la
résurrection d’une grande UNEF ("Une seule UNEF, la grande UNEF" 
psalmodiaient les délégués du congrès); la Fage qui ne sait toujours pas 
ce que signifie le mot "syndicalisme" se retranche derrière son réseau 
d’associations et de corpos; Sud-Etudiant affirme vouloir continuer à 
travailler en intersyndicale, sans plus...

Alors, me direz-vous, un rassemblement peut-être, mais pour quoi faire 
? C’est vrai qu’à force d’entendre parler de réunification, de 
scission...on finit par en oublier le fin mot de l’histoire. Les "tables 
rondes" comme la "réunification" soulèvent toutes deux le problème de 
l’efficacité de notre action syndicale. Je dis action "syndicale" et j’y 
tiens, parce qu’une action syndicale de par sa finalité et l’esprit qui 
l’anime ne correspond en rien à une action "corporatiste". 

Comment être le plus utile possible aux étudiants ? Comment faire en 
sorte que plus d’étudiants se saisissent de l’outil syndical que nous leur 
tendons ? Comment impulser un rapport de force tel, que nous pourrions 
avancer sur nos revendications, en voir aboutir certaines... ? Voilà les 
questions qui sous-tendent les débats aujourd’hui. Voilà aussi le genre 
de questions auxquelles il nous est impossible de répondre en
s’asseyant autour d’une table, aussi ronde soit-elle. Pourquoi ? Eh bien 
simplement parce que seules, l’expérience et la pratique syndicale au 
quotidien nous permettent de nous rendre compte que certains clivages 
sont difficilement dépassables, mais aussi, que certaines batailles 
méritent d’être menées, tout bonnement parce qu’elles aboutissent. 

D’aucuns pourront me répondre que l’UNEF, tout en étant moins fort que 
Nutella, à tout de même 30 ans d’"expérience", dans la mesure ou cela fait une bonne trentaine d’années que la scission historique a eu lieu. Il 
a donc fallu apprendre à se côtoyer sur les facs, et parfois même, travailler ensemble. Qu’ils se rassurent, je ne veux pas parler de cette 
expérience là. Je veux parler de l’expérience "locale". De celle que chacun de nous (au sens ou cela est rare que l’on reste syndiqué trente 
ans )a sur sa fac, dans sa filière, quand il s’agit d’aller trouver le 
camarade de l’Unef-id, de Sud..., pour résoudre un problème. Parce que, 
et cela aussi nous en avons tous fait l’expérience, tout seul, eh bien, on 
pèse pas lourd.

Si il est avéré que l’unité dans l’action a bien souvent permis d’obtenir 
des avancées significatives, il est aussi prouvé qu’elle ne peut rarement 
se maintenir dans le temps, sous peine de perdre son efficacité, puisque 
c’est bien souvent gràce à la différence de chacun et donc à la 
complémentarité qu’elle prend sa pleine mesure.

L’attitude de certains camarades est à cet égard un tant soit peu 
prosélyte. "Dans certaines universités nous avons réussi à travailler 
ensemble. Et nous ne voyons plus de raisons à vivoter dans deux 
organisations séparées là où nous serions plus forts en étant uni." 
Certes. Seulement la réalité est tout autre, et l’homogénéisation 
géographique ne doit pas être la règle. Nous appartenons à une Union 
Nationale. Une structure censée être, au-delà d’un simple agrégat 
d’AGes hétéroclites, l’expression d’une volonté et d’un projet commun, 
ceux de faire de l’université, et quoi qu’on en dise de la société tout 
entière, un lieu de savoir, de liberté, de justice sociale. Et nous 
partageons surtout certaines conceptions sur la meilleure façon d’y 
parvenir. C’est ce qui constitue notre différence. 

Et comment se réunifier en faisant abstraction de sa différence ? On ne 
s’unifie pas à quelqu’un en supprimant ce qui constitue notre identité.
Cela s’appelle se faire absorber, dévorer même... Un véritable 
fonctionnement démocratique permet l’expression de toutes les 
sensibilités. Certes. Seulement la démocratie et son application reste 
un idéal à atteindre plus qu’une réalité. Le dernier congrès de l’UNEF ne 
nous a -t-il pas fourni l’exemple de graves tensions à cet égard ? 
N’avons-nous pas rejeté aux vote le droit de tendance au sein de notre 
organisation alors que l’Unef-id l’érige en mode de fonctionnement ? Et 
cela n’est qu’un exemple. Ceux qui veulent nous faire croire que nous 
n’avons plus de différences avec les autres organisations étudiantes 
représentatives, (qu’elles soient syndicales ou non d’ailleurs), ou
bien que ces différences se soient suffisamment atténuées pour n’être 
plus que valeurs négligeables, eh bien ceux-là sont des charlatans, des 
marchands de foire qui brade une histoire et un savoir-faire.

Une seule organisation ( c’est en substance ce que réclame une partie de 
l’UNEF et l’UNEF-id ) nous permettrait-elle pour autant de résoudre la 
question de l’efficacité, la question du désintérêt des étudiants... j’en 
doute. Ceux qui croient à cette solution ne tirent peut-être pas le même 
constat que moi de la situation actuelle.

J’ai bien peur que l’on prenne prétexte du faible intérêt que prêtent les 
étudiants au syndicalisme pour faire passer tout et n’importe quoi. 
D’ailleurs les étudiants se désintéressent-ils vraiment du syndicalisme 
ou bien de la façon dont il est mis en oeuvre...

La question de la réunification n’est en rien obsolète, mais c’est plutôt 
en agissant au quotidien sur nos facs, en ayant les débats de fonds avec 
les autres organisations syndicales sur les crises qui traversent 
actuellement l’université que l’on aura les réponses que l’on se
pose en terme d’efficacité.

Pour anticiper un peu les assises de Décembre, nous pouvons dire que 
l’UNEF est actuellement en danger. Ne sommes-nous pas en train d’être 
pris de court par un processus que nous avons nous-même enclenché? 
l’Unef-id arrivera aux assises nationales avec un projet "fort" , un 
projet qui marque déjà les esprits : celui de la réunification du 
mouvement étudiant, et de la renaissance de la grande UNEF. Face à celà, 
le projet de l’UNEF reste floue. N’ayons pas peur du débat et des mots ! 
Que ceux qui sont pour la réunification l’affirment haut et fort et que 
les autres avancent des contre-propositions. Mais surtout, surtout 
soyons clairs et tâchons de respecter le mandat du dernier congrès.

Lorsque la réunification se posera dans des termes clairs, les tables 
rondes n’auront alors pas à se substituer à la décision de notre 
organisation. Et une décision aussi importante ne peut-être prise qu’en 
congrès, il en va de la démocratie. Chacun alors, sera à même de mettre 
ses propos en accord avec ses actes. Il ne s’agira plus de tenter de 
convaincre, mais bel et bien de choisir.