(T-U 7, févr-mars 1999, p.3)

MNEF: espoir ou désespoir
d'une démocratisation de la mutuelle ?

Les élections de la MNEF se déroulent durant la seconde quinzaine de février. Trois listes sont en campagne pour les 65 sièges de l'Assemblée générale, mais on sait déjà qui va gagner: la liste "Changer la MNEF", dont l'objectif est de "rendre la MNEF aux étudiants". Les mauvaises langues disent que le meilleur slogan aurait été "conserver la MNEF à l'UNEF-ID". De fait, la composition de la liste offre à l'UNEF-ID la part du lion: seuls 10 à 15 des 65 candidats n'en font pas partie. Plus que la diversité du mouvement étudiant, c'est la volonté hégémonique de l'UNEF-ID sur le mouvement étudiant qui apparait.

En ce qui concerne la plate-forme, celle-ci est d'une platitude affligeante. Aucun engagement formel n'est pris, notamment sur la question du maintien ou non de l'engagement de la MNEF dans les secteurs qui ne sont pas liés au mutualisme étudiant, tels que la restauration universitaire, le logement étudiant, etc... Autant d'investissements dans lesquels les dirigeants de la mutuelle risquent de rendre des comptes à la justice. Même si nous étions assez lucides sur toute plate-forme acceptée par l'UNEF-ID, il nous semblait logique que pour éviter un retour des anciennes pratiques la direction de la MNEF devienne plurielle, associant le plus grand nombre d'organisations étudiantes. Les dernières décisions prises sont très symboliques : la MNEF a cessé de subventionner les associations étudiantes, sauf l'UNEF-ID... Or, c'est une des dérives que nous critiquions. Même si l'UNEF-ID ne défend plus l'idée d'un "lien organique fort" entre elle et la MNEF, la tentation semble forte pour l'UNEF-ID de poursuivre dans ces anciennes pratiques : c'est à dire le maintien de la subvention annuelle de 1,25 millions de francs accordée à l'UNEF-ID chaque année au titre de "services publicitaires".

Pourquoi l'UNEF est-elle sur cette liste ? Parce que c'était la seule façon, avec ces élections truquées, d'obtenir un petit moyen d'influer sur la gestion future. Les autres ont été trop heureux de faire une petite place à la seule organisation qui ne soit pas compromise dans le scandale. Appeler au boycott des élections aurait été se priver de ce moyen d'agir.

Mais ne croyez pas que nous allons voter pour Changer la MNEF, ou pour une des deux listes de figurants eux aussi compromis ! Le sentiment qui nous envahit est la déception, pour ne pas dire plus. Ils étaient nombreux à savoir que depuis plusieures années, la gestion de la MNEF n'était pas la plus transparente et la plus honnête. Les scandales qui ont éclaté offraient l'opportunité d'une véritable réforme dans ce que d'aucun nommaient "panier de crabes". Le résultat : la liste présentée n'offre qu'un faible espoir de réforme, alors que la situation de la santé étudiante n'est guère florissante aujourd'hui, et que la MNEF est devenue une société privée, à buts lucratifs, aux antipodes des idées qui ont permi sa création.  Les étudiants se sont peu à peu totalement désengagés de la gestion de la mutuelle, avec comme conséquence des dérives contraires à leurs intérêts. Ces élections n'y changeront rien. La leçon doit être retenue.

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