(Trait d'Union n°10, décembre 1999 - janvier 2000, p. 2)

Examens: la grande pagaille qui prépare le grand désastre.

Dans le dernier T-U, nous vous disions que nous avions gagné, contre la réforme Bayrou-Allègre, sur la capitalisation des acquis, mais que la question des conditions d'examen restait posée.

Ça ne s'arrange pas. La plupart des étudiants de Paris IV ne savent pas, à quelques semaines des examens de janvier ce que seront les épreuves (ce qui est scandaleux en soi).

Vos élus UNEF ont fait de gros efforts pour en savoir plus. Le résultat n'est pas réjouissant.

1) En décembre, il n'est pas possible à nous, première organisation représentative à Paris IV d'avoir une vue globale de ce que seront les exams, alors quechaque étudiant devrait en être informé dès la rentrée.

2) Il est tout à fait impossible de se fier à ce qu'ont dit les profs qui se sont avancés sur ce point à la rentrée parce que, d'une part ils n'étaient pas forcément au courant des dernières modifications, d'autre part –c'est le plus énorme– des choses ont été changées depuis sans que personne en soit averti !

Cette pagaille est inacceptable. D'abord parce que la moindre des choses est que lorsque nous entreprenons une année d'étude, nous sachions dès le début ce qu'on nous demandera à la fin. Ensuite parce que derrière le désordre se cachent la dégradation de nos conditions d'examen et la casse de nos études.

Les examens ont deux fonctions. La première, la plus évidente, celle qui à juste titre nous préoccupe le plus, est de sanctionner un niveau d'études atteint en décernant un diplôme. Cela suppose des épreuves permettant de mesurer ce niveau, suffisamment longues et suffisamment générales, et définie avec suffisamment de clarté pour que la part du hasard y soit aussi limitée que possible.

La deuxième, tout aussi importante, est une fonction de formation, complément indispensable de celle que donnent les cours. Quoi qu'en disent ceux qui nous prêchent la méthodologie sans nous dire en quoi elle pourrait consister, la seule façon d'apprendre à faire des dissertations, des commentaires, des versions et des thèmes est d'en faire. Nous n'avons guère d'autre occasion que les exams d'en faire en temps limité. Cela implique que les épreuves soient en nombre suffisant, et que des corrigés clairs en soient donnés, pour permettre une progression d'une session sur l'autre.

Sur ces deux point, nous assistons avec l'application de la réforme Bayrou-Allègre à une régression sans précédent à Paris IV.

Cette réforme, nous vous l'avons dit constamment depuis trois ans qu'elle a été annoncée, est à tout point de vue nocive. Notre position n'a pas varié: au niveau national, nous nous battons pour qu'elle soit abrogée, à Paris IV, forts de notre majorité parmi les élus étudiants, pour qu'elle soit appliquée le moins possible, c'est à dire pour que le DEUG et la licence après la réforme ressemblent le plus possible à ce qu'ils étaient avant.

Sur le contenu des enseignements nous avons pleinement réussi: presque rien n'a changé. Sur la capitalisation des acquis, que l'application de la réforme abolissait de fait, grâce à votre mobilisation sur notre pétition, l'essentiel a été préservé.

Mais sur les examens, c'est un désastre, qui a deux causes différentes. La première est la réforme elle-même, qui n'a d'autre but que de casser nos études. Nous devons continuer à exiger son abrogation, mais Paris IV est obligée de l'appliquer. Mais sur les autres points, les profs se sont trouvés d'accord avec nous pour limiter les dégâts à Paris IV. Pas sur celui-ci, malgré nos efforts en ce sens. Nous devons constater, et c'est le deuxième point, que certains d'entre eux ont vu dans cette réforme qu'ils condamnaient par ailleurs une occasion de réduire le nombre de copies qu'ils ont à corriger, aux dépens du sérieux des examens. Nous ne pouvons l'accepter. Nous comprenons que nos profs, déjà surchargés, refusent d'avoir plus de copies à corriger. Mais il n'est pas acceptable qu'ils prennent prétexte de la réforme pour diminuer leur nombre.

Il est vrai que la semestrialisation a des conséquences désastreuses sur la cohérence de l'année universitaire, ce pourquoi nous continuerons de la dénoncer. Il est faux qu'en créant une session supplémentaire en janvier, elle justifie la réduction du nombre et de la durée des épreuves: cette session existait de fait auparavant, puisque deux semaines étaient consacrées aux partiels. Il est en revanche vrai que le problème se pose pour septembre (au ministère, on l'a déjà résolu en prévoyant la suppression de cette session. Nous avons obtenu son maintien à Paris IV): nous sommes donc favorables à un regroupement des épreuves avec tirage au sort pour cette session, mais pour elle seulement.

Notre position est simple: qu'après la réforme chacun de nous ait autant d'épreuves à passer qu'avant, de la même durée, dans les mêmes conditions.

Pour la faire entendre, il faut qu'il y ait de plus en plus d'élus UNEF ou partageant notre opposition à la réforme Bayrou-Allègre dans les conseils –Les élections d'UFR qui s'approchent seront à cet égard décisives– Il faut surtout qu'il y ait de plus en plus d'étudiants mobilisés pour les appuyer.