ÉDITORIAL
Trop, c'est trop !
Jamais une rentrée n'avait été
marquée par tant d'agressions du gouvernement contre les étudiants.
Contre la qualité
de nos études: Allègre
s'apprête à appliquer le rapport Attali qui préconise
l'autonomie des facs, leur livraison pieds et poings liés aux intérêts
privés (ainsi les présidents d'Université ne seraient
plus des profs mais des représentants du patronat !), la destruction
de la cohérence des cursus au profit d'une professionalisation à
courte vue, bref, la fin de l'université publique, déjà
mise à mal par la réforme Bayrou. Ce n'est pas par hasard
que c'est maintenant qu'il oblige Paris IV à appliquer cette réforme
(voir p. 2).
Contre nos conditions
d'études: pas
un poste d'enseignant en plus au budget 1999 ! Les besoins sont criants,
mais Allègre ne veut pas le savoir.
Contre leur financement.
Tandis que les belles
promesses du Plan social étudiant restent lettre morte, Allègre
entreprend la destruction du statut de surveillant. On remplace les pions
par des emplois-jeunes, qui travaillent plus, sont moins payés,
et, surtout, sont ainsi obligés d'arrêter leurs études,
alors que le pionicat est un moyen de les continuer.
Contre notre
principal débouché. Qui
aurait pu croire, en voyant 500 000 lycéens dans la rue pour protester
contre les classes surchargées et les vacances de postes, qu'il
y avait trop de profs dans ce pays ? Allègre avait fini par promettre
3000 enseignants de plus: il supprime encore des postes au CAPES et à
l'Agrégation.
Jamais les étudiants n'avaient
été traités avec un tel mépris. Le pouvoir
se croit tout permis contre nous parce qu'il est désormais convaincu
que nous ne pouvons rien contre lui.
Devant toutes ces attaques, nous entendons
les étudiants de Paris IV dire "C'est bien triste, mais nous
n'y pouvons rien", sans parler de ceux qui se donnent bonne conscience
en accusant les syndicats de ne rien faire.
C'est de ce type de raisonnement qu'il
faut sortir. C'est à chacun de vous de prouver à Allègre
et Jospin qu'ils ont tort de compter sans vous.
L'UNEF peut vous informer, c'est à
cela que sert ce Trait d'Union, elle peut appeler à des AG
et à des manifestations, comme elle l'a fait le 5 novembre. Elle
ne peut pas manifester à votre place (est-il utile de vous dire
que ceux qui prétendent le faire après s'être fait
"mandater" par vous vous prennent pour des idiots ?).
Par le passé, la mobilisation des
étudiants a mis en échec les projets dirigés contre
l'Université (Devaquet en 86, Jospin en 92, Balladur en 94). Leur
passivité actuelle est le plus beau cadeau qu'ils puissent faire
au pouvoir. Il lui est très facile d'agir sans eux: aucun gouvernement
n'a jamais pu agir contre eux quand ils étaient mobilisés
Depuis plusieurs
jours, un mouvement étudiant se développe dans de nombreuses
facs (Amiens, Montpellier, Toulouse, Limoges, Lille, Rouen, Caen...). Vendredi,
une AG de plus de 200 étudiants s'est tenue à Tolbiac.
C'est désormais à chacun
de nous de réfléchir aux formes que ce mouvement peut prendre
à Paris IV.