(T-U 4, oct 1998, p.2)

PETITION A MONSIEUR C. ALLEGRE
Assez de temps perdu, Assez de cours perturbés Assez de bousculade aux portes de la Sorbonne
NON AU CONTROLE DES CARTES !

Monsieur le Ministre,
Vous êtes récemment venu célébrer en grande pompe en Sorbonne le huit centième anniversaire de l'Université de Paris.
Pendant une très large majorité de cette très longue histoire, étudiants, enseignants, auditeurs libres, voire touristes, ont pu circuler librement en Sorbonne, sans qu'on ait constaté d'inconvénients supérieurs aux avantages de cette situation.
C'est durant l'hiver 1996/97 que, pour la première fois, sous un prétexte si futile que nous l'avons tous oublié, le Recteur a institué brutalement, pour quelques jours, un contrôle à l'entrée.
Depuis cette date, de plus en plus fréquemment, sous des prétextes variés mais sans rapport aucun avec nos études, ce contrôle a été établi.
Les inconvénients en sont multiples. Ce n'est pas seulement pour nous une question de principes. Le principal est le temps perdu: nous avons parfois mis jusqu'à un quart d'heure pour entrer ou sortir (car le contrôle à l'entrée bloque également la sortie !) de la Sorbonne, les cours étant perturbés en conséquence.
De plus, il n'est pas a priori criminel pour un étudiant de circuler sans avoir sa carte sur lui. Pour l'avoir oubliée, beaucoup d'entre nous n'ont pu assister à un cours, voire participer à un examen.
enfin, l'usage en Sorbonne est d'admettre sans formalité aucune de nombreux auditeurs libres. Quand il y a contrôle, ceux-ci sont refoulés à l'entrée.
Si nous nous adressons à vous, c'est parce que le Recteur n'a répondu à aucune des protestations qui lui ont été adressées par les étudiants. C'est aussi parce qu'un nouveau pas dans l'absurde a été franchi ces jours-ci. Le 13 octobre, sans doute à cause des manifestations lycéennes, dont nous ne voyons pas en quoi elles menaçaient la Sorbonne, on a fait de notre université une véritable forteresse. elle est même restée totalement fermée à un moment où des cours avaient lieu. Plus tard dans la journée, en réponse aux protestations d'agrégatifs de Lettres, les vigiles ont entrepris de les fouiller un à un, leur faisant manquer la totalité du cours auquel ils se rendaient.
Nous vous prions donc instamment de prendre les mesures nécessaires pour que nous puissions étudier dans des conditions normales, c'est à dire pour que la liberté de circulation qui a caractérisé presque toute l'histoire de la Sorbonne soit rétablie.