UNEF Paris IV
(Union nationale des étudiants de France
Association générale des étudiants de Paris-Sorbonne)
Le syndicat qui défend les étudiants


Les moyens de la riposte

Texte adopté par le congrès d’AGE préparatoire au 79e congrès de l’Union nationale, tenu le 20 mars 1999 en Sorbonne



I) Notre espoir est dans le renouveau du mouvement étudiant

Face à cette intensification des attaques, le mouvement de novembre-décembre a apporté un démenti flagrant à tous ceux qui croyaient que l’époque des mobilisations étudiantes était terminée, que notre précarisation croissante nous avait rendus incapables de réagir. La meilleure preuve que ce mouvement a fait trembler le pouvoir est le boycott médiatique sans précédent auquel il a été soumis qui, s’il a limité son extension, n’a pas suffi à l’empêcher.
Nous avions échoué à mobiliser les étudiants contre la réforme Bayrou lorsqu’elle avait été annoncée. Nous savons aujourd’hui, devant la réaction quand elle a été effectivement appliquée et que le rapport Attali a annoncé de nouvelles menaces, que cet échec n’était que provisoire.
Il faut maintenant, après la coupure des examens, que ce mouvement reprenne et s’étende. C’est à cet objectif prioritaire que nous devons consacrer nos efforts. Nous devons convaincre tous ceux qui ont déjà bougé qu’il vaut la peine de continuer, tous ceux qui ne l’ont pas encore fait que c’est là le moyen de gagner, comme nous l’avions fait en 1986 contre Devaquet, en 1992 (déjà) contre Jospin, expériences qui montrent que le pouvoir peut agir sans les étudiants, mais ne peut agir contre eux s’ils se mobilisent.



II) Unir la lutte étudiante à celle de l’ensemble de l’Éducation nationale

Dans ce combat, nous ne sommes pas isolés. Au niveau de l’enseignement supérieur, face à l’offensive que nous subissons, les intérêts des étudiants et des enseignants concordent. Nous devons travailler à construire une riposte unitaire, et refuser toutes les manãuvres démagogiques tendant à jeter les étudiants contre les enseignants, la plus grossière étant l’idée contre nature d’une évaluation des profs par leurs étudiants.
Au niveau local, nous devons saisir toutes les occasions d’interpeller nos enseignants sur les réformes en cours (sujet qu’ils abordent rarement spontanément dans le cadre de leurs cours) et d’engager le débat avec eux. Au niveau national, dès la fin de ce congrès, l’UNEF engagera le dialogue avec toutes les organisations d’enseignants, syndicats ou associations de filière, pour les inviter à prendre parti contre la politique d’Allègre aux côtés des étudiants.
Surtout, c’est l’ensemble de l’¥ducation nationale qui est attaquée, et non seulement le supérieur. Tandis que les lycéens, les premiers a être entrés en lutte contre Allègre, comprennent à quel point on leur a menti, la colère des enseignants du secondaire devant la destruction de leur métier prend l’aspect d’une lame de fond. Ce mouvement rencontre actuellement une grande sympathie parmi ceux des étudiants qui se destinent à l’enseignement, et sont les premières victimes de la baisse du nombre de postes dans le secondaire. L’enjeu principal des mois à venir est l’unité du mouvement lycéen, du mouvement étudiant et du mouvement enseignant contre la conception libérale de l’éducation, alliant culte de l’austérité budgétaire et soumission aux intérêts privés, pour l’école publique. L’UNEF prendra donc à tous les niveaux tous les contacts utiles à cette unité.
Elle se donne pour objectif de répandre massivement partout où elle est présente l’information sur la réalité des projets gouvernementaux, sur les mobilisations qui ont déjà eu lieu contre cet automne, largement occultées par la censure du pouvoir, sur le lien entre la colère des enseignants et la nÈtre.
Nous ne devons pas hésiter à reprendre à notre compte l’exigence de la démission d’Allègre qui monte dans le milieu enseignant. Certes, ce n’est pas la solution à tous nos problèmes, et nous savons que la politique d’Allègre est en continuité parfaite avec celle de Bayrou, mais c’est un passage obligé, car il n’y a rien à attendre tant que restera un ministre qui affiche un tel mépris pour les étudiants, les lycéens et les enseignants, et un bon moyen de cristallisation.

III) Mobiliser tous nos moyens

Nous devons mobiliser tous nos moyens au service de cette campagne, et saisir toutes les occasions d’avancer.
En particulier, les élections sont un moyen privilégié de propagande dont il nous faut nous saisir pour développer la riposte étudiante. Partout où l’UNEF, sans cacher aux étudiants que le pouvoir n’appartenait pas aux conseils, et encore moins à leurs élus, les a invités à prendre les élections comme une occasion de montrer leur opposition à la casse de l’Université publique, elle a progressé.
De même, nos élus dans les conseils ne peuvent rien contre les réformes, mais ils sont un relais important pour exprimer nos positions auprès des profs et de l’administration, et surtout faire circuler l’information sur la réalité de leur avancement, puisqu’Allègre s’avance masqué: la faire redescendre vers les étudiants de leur université, la faire remonter vers la coordination nationale de la lutte.

Il est aussi nécessaire d’envisager tous les moyens d’utiliser les media.

Dans ce contexte d’intensification des luttes, nous devons être plus vigilants que jamais sur la question de la liberté d’expression sur nos facs. Ce n’est pas par hasard qu’elle se trouve mise en cause, par le rectorat de Paris en Sorbonne, par l’attitude scandaleuse de l’université Paul Valéry pendant la grève de Montpellier par exemple. Nous exigerons qu’on nous donne les moyens d’informer et de mobiliser les étudiants, en profitant de la bienveillance des enseignants quand c’est le cas, en créant les rapports de force nécessaires dans les autres cas.

Retour au sommaire


Retour à la page d’accueil