UNEF

Un texte de militants de la FAGIF
expliquant notre position à Orsay

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Que venons-nous faire, camarades ?

Adresse aux délégués des AGE de l'UNEF présents à Orsay

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Pourquoi sommes-nous réunis ?

S'agit-il de tenir le 80e congrès de l'Union nationale, de faire le bilan de son activité depuis le 79e et de décider de ses orientations pour la suite ?

S'agit-il de la dernière étape avant une réunification que beaucoup considèrent comme faite ?

On est en droit de se poser la question.

Les textes qui ont été envoyés aux AGE ne correspondent certes pas à ce qu'on pourrait attendre de textes préparatoires à un congrès. Le délai –deux semaines– était par ailleurs plus qu'insuffisant pour qu'un véritable débat puisse avoir lieu entre les adhérents.

Mais ils ne posent pas non plus clairement la question de la réunification avec l'UNEF-ID, se réfugiant dans des formulations floues sur le rassemblement étudiant.

Pourtant, c'est bien cette question qui nous est posée. Depuis juillet, l'UNEF-ID diffuse des tracts annonçant que la réunification est chose faite, et que le congrès de la Mutualité en décembre la concrétisera. Les derniers portaient, avec le sien, notre logo.

Y aurait-il donc deux congrès réunis en même temps à la Mutualité ? Un congrès de réunification organisé par l'UNEF-ID et déjà verrouillé, un congrès de rassemblement syndical ouvert auquel participerait l'UNEF ? Ce n'est pas sérieux. La vérité est que la direction nationale issue du 79e congrès de l'UNEF tient un double discours. A la direction de l'UNEF-ID, elle a déjà cédé sur tout. Aux AGE et aux militants de l'UNEF, elle veut faire croire que rien n'est encore fixé pour les amener à un congrès de réunification dont ils semblent ne pas vouloir.

Ce que sera la nouvelle organisation, rien ne l'illustre mieux que le quatre-pages prétendument commun que nous avons vu apparaître sur nos facs. Au logo en haut à droite près, il s'agit d'un tract de l'UNEF-ID, défendant les positions de l'UNEF-ID sans rien qui montre un quelconque apport de l'UNEF.

Nous devons être conscients que la question "Voulons-nous aller au congrès de décembre ?" se confond exactement avec celle-ci "Voulons-nous la fusion de l'UNEF avec l'UNEF-ID, aux conditions de l'UNEF-ID ?"

Or les désaccords qui expliquaient notre séparation ne nous semblent pas avoir disparu.

– Sur l'aide sociale, l'UNEF-ID prône plus que jamais l'allocation d'études pour tous, sans prise en compte des différences de ressources. L'UNEF refusait cette revendication démagogique et simpliste. Avons-nous changé ?

– Sur le contenu des études, l'UNEF-ID a soutenu l'essentiel des projets et réformes ministériels depuis 1988. L'UNEF s'était prononcée contre la réforme Jospin en 1992, pour l'arrêt du plan Université 2000 en 1993, contre la réforme Bayrou en 1997. Depuis qu'elle donne la priorité à l'unité, la direction nationale a choisi, courageusement, de refuser de prendre position sur les réformes en cours, mais les AGE sont confrontées quotidiennement à leurs conséquences.
Depuis mai, l'UNEF-ID a inventé la "révolution pédagogique", qui peut se résumer ainsi: reprendre le travail d'Allègre au point où il l'a laissé quand la mobilisation de toute l'Education nationale l'a forcé à partir. Est-ce cela que nous voulons défendre ?

– Sur le rôle des élus, enfin, l'UNEF-ID prétend, au-delà de la cogestion, obtenir la "codirection" des Universités et du CROUS par les élus étudiants, et surtout, plus grave encore, par ces super élus que sont les VPE (ce qui exclut tout pluralisme et toute collégialité).
Nous avons toujours déclaré que nos élus étaient les porte-parole des étudiants, et n'étaient pas là pour gérer, mais pour porter dans les conseils leurs revendications, et faire redescendre l'information vers eux. Sommes-nous prêts à renoncer à cette position ?

Aux divergences de fond s'ajoutent des différences dans la conception du fonctionnement du syndicat, qui leur sont en partie liées.

– Nous avons toujours traité les campagnes électorales comme un moment de dialogue avec les étudiants, dans la continuité de notre action au quotidien durant toute l'année universitaire. L'UNEF-ID fait débarquer à chacune d'entre elles une équipe de professionnels extérieurs à la fac, machine à faire voter pour des militants locaux qui ensuite ne siègent pas toujours, en n'hésitant à utiliser pour faire voter les arguments les plus démagogiques et les plus bas. Comment pourrons-nous faire campagne ensemble ?

– Le fonctionnement de l'UNEF-ID est strictement centralisé. Nous avons toujours défendu, nous, l'autonomie de nos AGE, chacune étant la mieux placée pour décider ce qui est utile à la défense des intérêts des étudiants de son Université. Les empiètements du BN que beaucoup d'entre nous ont dénoncé à raison sont là-bas considérés comme normaux. Accepterons-nous cela ?

– L'UNEF-ID se considère comme démocratique malgré cette centralisation en raison de l'existence et de la sacralisation en son sein du droit de tendance. Il permet à une minorité de s'exprimer pourvu qu'elle soit affiliée à une chapelle nationale, fonctionnant elle-même de manière ultra-centralisée. Il conduit à la cristallisation du débat sur des critères qui ne sont pas syndicaux: il est facile de reconnaître derrière chaque tendance un courant politique.
Nous l'avons toujours refusé à l'UNEF. Avons-nous eu tort  ?

– L'UNEF-ID définit l'adhérent comme celui qui a payé une carte, souvent parce qu'on lui a promis des avantages et des réductions de prix liés à cette carte (parfois réels, parfois imaginaires). Elle ne lui reconnaît que le droit de voter, une fois tous les deux ans, non en assemblée générale mais dans une urne ouverte sur deux journées, entre les textes nationaux des différentes tendances. La direction d'AGE découle directement de ce vote, un système subtil de procurations et de mandats bannissant tout suspens, et n'a aucun compte à rendre jusqu'au congrès suivant. Elle n'est renouvelée entre-temps que par cooptation.
Nous avons toujours considéré comme fondamental que l'assemblée générale des militants fût la direction du syndicat au niveau local et que le Bureau fût responsable devant elle. Le considérons-nous encore ?

Tels sont nos désaccords. On nous dira qu'ils ne sont pas indépassables, qu'il y a des désaccords aussi entre AGE de l'UNEF (mais nous croyons avoir ici pointé des points d'accord plus forts que ceux-ci), que l'unité c'est beau et c'est indispensable parce qu'ensemble on est plus fort pour défendre les étudiants.

Nous ne le contestons pas. Ce que nous refusons, c'est la façon dont on prétend construire cette unité. Il est aujourd'hui clair que, sur les sept points que nous venons de souligner, l'UNEF-ID n'entend faire aucune concession (Comment d'ailleurs lui en demander quand nos positions sont à de point incompatibles ?)

. Pour elle, la majorité du congrès de la Mutualité décidera. Étant donné le système aberrant de mandats qu'elle est en train d'imposer (chaque AG participante dispose d'un nombre de mandats égal au nombre d'adhérents ayant acheté la carte verte à 50F, plus le nombre de votants) il est clair que cette majorité sera la sienne. Ceux qui affirment que nous pourrions dans un tel cadre convaincre de la justesse de nos positions se trompent ou veulent tromper.

La seule garantie que l'UNEF-ID nous offre est… le droit de tendance, que nous avons toujours refusé. Certains semblent avoir déjà accepté ce système, puisque circule,, via Internet, un texte de contribution avec appel à signatures à transmettre rue Pailleron, ce qui correspond à ce type d'organisation.

La recherche de l'unité la plus large est nécessaire. Mais doit-elle commencer par la fusion des organisations aux conditions posées par l'une d'entre elles ? Évidemment non.

La première étape doit être le dialogue à la base, la seconde la construction de l'unité d'action sur le plus grand nombre de thèmes, localement puis nationalement. Une fusion organique ne peut être que l'aboutissement d'un processus qui a permis de dépasser progressivement, par le travail commun, les divergences.

Ce qu'on nous propose est exactement l'inverse. Après un préalable, la liste au CNESER qui a liquidé la représentation nationale autonome de l'UNEF (mais dont le faible score a montré le rejet de cette démarche par les élus de l'UNEF), on prétend nous faire commencer par la fusion organique, en comptant sur elle pour créer les conditions de l'unité d'action. Pour ce qui est des divergences constatées, on ne cherche pas à noyer le poisson: on tourne autour du bocal en espérant qu'il finira par se noyer de lui-même.

Ce n'est pas sérieux. Un tel processus ne pourrait que conduire à la fin de l'UNEF, l'organisation qui en résulterait ressemblant comme deux gouttes d'eau à l'UNEF-ID; avec peut-être une tendance ou une sous-tendance en plus. Il ne s'agit pas d'unité, mais de démission unilatérale.

C'est cette démission que nous refusons, parce que nous considérons comme positif le bilan de l'action qui a été la nôtre jusque là, parce que nous croyons que les positions qui ont été les nôtres peuvent encore être utile aux étudiants de France.

Nous sommes prêts à poursuivre, ou plutôt à entreprendre, le dialogue avec l'UNEF-ID, sans a priori. Au niveau national, le CLP peut en être l'instance, pourvu que la direction de l'UNEF qui y participe soit véritablement représentative de ses AGE, de leur diversité et de leur unité. Il n'aura de sens que si existent au niveau local des comités paritaires ou des intersyndicales qui soient des lieux de débat, visant à construire l'unité d'action.

Nous voulons d'autre part avoir la même attitude unitaire, avec les mêmes restrictions, vis-à-vis de toutes les autres organisations syndicales étudiantes, qu'il s'agisse de SUD, des SE, ou de la FSE qui vient de se créer. Nous avons su trouver l'AGET-ASL, qui l'a rejointe, pour participer à notre liste au CNOUS. Il serait paradoxal de rompre avec elle en invoquant notre volonté d'unité.

Il est donc évident que nous ne pouvons aller à la Mutualité pour le congrès fondateur d'une nouvelle organisation qui ne serait que l'UNEF-ID nous intégrant comme une de ses tendances.

Si cette réunion est redéfinie comme un échange entre organisations cherchant les voies de l'unité d'action, sans exclusive, nous sommes prêts à y participer.

Cela suppose un changement clair d'attitude de la part de l'UNEF-ID.

Cela suppose aussi que nous nous prononcions ici sur la direction que nous voulons donner à l'UNEF. S'il s'agit de dissoudre l'UNEF sans perspective c'est légitimement que la direction sortante refuse sa remise en cause. S'il s'agit de continuer l'UNEF pour construire l'unité syndicale, les délégués d'AGE doivent pouvoir se prononcer sur la direction qu'ils souhaitent.